Troc d’usines entre forestières

Les deux usines produisaient autrefois ce qui se trouve au coeur de la construction résidentielle : des panneaux de copeaux orientés (OSB).

 
Photo: iStock Les deux usines produisaient autrefois ce qui se trouve au coeur de la construction résidentielle : des panneaux de copeaux orientés (OSB).

 

Deux compétiteurs directs qui décident de s’échanger des installations fermées depuis des années, sans qu’un seul dollar change de mains ? C’est précisément ce que Norbord et Louisiana-Pacific ont annoncé vendredi, à la surprise de l’industrie, en troquant leurs usines de panneaux de Val-d’Or et de Chambord, près de Roberval.

Alors que des signes de reprise se manifestent depuis quelques mois sur le marché américain, une destination importante pour les usines québécoises, les deux concurrents ont vu, dans cet échange inhabituel, une façon de pouvoir mieux desservir leurs propres marchés.

 

Les deux usines produisaient autrefois ce qui se trouve au coeur de la construction résidentielle : des panneaux de copeaux orientés (OSB). Alors que l’usine de Chambord s’est tue en 2008, en pleine crise financière, celle de Val-d’Or a cessé ses activités en 2012.

Si tout fonctionne et que les évaluations approfondies sont concluantes, l’échange sera finalisé au début du mois prochain.

« C’est particulier, en effet », dit André Tremblay, p.-d.g. du Conseil de l’industrie forestière du Québec, qui n’a jamais vu ce genre de transaction. « Mais c’est une bonne nouvelle, parce que ces usines ne semblaient pas avoir d’avenir. Ça peut laisser présumer que les deux sociétés, qui sont sérieuses, ont un intérêt stratégique pour l’actif de l’autre. Et vice-versa. Elles n’ont pas échangé juste pour échanger. »

Conversion

 

Si Louisiana-Pacific a voulu mettre la main sur l’usine de Val-d’Or, c’est qu’elle voudrait la convertir pour y produire un revêtement extérieur.

À l’heure actuelle, LP est le deuxième joueur nord-américain des panneaux OSB, avec 21 % du marché, derrière Norbord, à 26 %. Fabriqués dans une quarantaine d’usines à l’échelle nord-américaine, ils représentaient l’an dernier un marché continental de 7 à 8 milliards de dollars américains.

Or le revêtement extérieur dont il est question est fabriqué avec ces mêmes panneaux. Il s’agit de recouvrir les panneaux d’une feuille de couleur et de les passer sous une presse pour produire un effet texturé.

Selon Jean-François Mongeau, directeur des ressources humaines de LP pour le Canada, la presse de Val-d’Or, à 16 pieds, est parfaite. À 24 pieds, celle de Chambord est trop longue. L’objectif serait d’abord de redonner vie à l’usine en produisant des panneaux classiques, ce qui pourrait procurer une centaine d’emplois, puis de la convertir, ce qui en ajouterait 25.

Louisiana-Pacific, basée au Tennessee, compte 4800 employés dans 24 usines en Amérique du Nord et du Sud. Au Québec, elle possède aussi une usine de panneaux OSB à Maniwaki et, en co-entreprise avec Résolu, deux usines de bois d’ingénierie de solives.

Alimenter le sud du Québec

 

De son côté, Norbord, de Toronto, a 2600 employés dans 17 usines au Canada, aux États-Unis et en Europe. Elle lorgne l’installation de Chambord pour mieux alimenter le sud du Québec et l’Est américain. « Elle a une capacité de production beaucoup plus grande, et c’était plein de sens de faire l’échange », a dit Alain Légaré, directeur général des activités OSB de Norbord au Québec.

Par ailleurs, a dit M. Légaré, il faudra obtenir le bois qui était autrefois rattaché à l’usine. De toute manière, selon le président de Norbord, Peter Wijnbergen, « la conjoncture du marché ne préconise pas la relance immédiate de l’usine de Chambord ». M. Wijnbergen a ajouté que l’usine est « en bonne condition » et se trouve « dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, la plus importante région de production de bois d’oeuvre au Québec ».

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