L’aviation civile appréhende le risque du protectionnisme accru

L'Association mise sur un taux de croissance annuel moyen de 2,5 à 2,8 % respectivement pour l’Europe et l’Amérique du Nord sur l’horizon 2035.
Photo: iStock L'Association mise sur un taux de croissance annuel moyen de 2,5 à 2,8 % respectivement pour l’Europe et l’Amérique du Nord sur l’horizon 2035.

L’aviation civile internationale table toujours sur un doublement du nombre de voyageurs sur 20 ans. La montée des forces protectionnistes, si elle s’inscrivait dans la durée, retrancherait 1,4 milliard de passagers au scénario de base.

La projection vient de l’Association du transport aérien international (IATA). Dans sa mise à jour publiée mardi, elle étudie l’impact potentiel d’une montée persistante des forces protectionnistes dans le monde. L’Association, qui représente quelque 265 compagnies aériennes assurant 83 % du trafic aérien mondial, estime que le nombre de passagers voyageant en avion serait de 5,8 milliards en 2035, contre un scénario probable évoquant un quasi-doublement, à 7,2 milliards.

À l’opposé, avec une libération accrue du commerce sur l’horizon, la demande pourrait presque tripler par rapport au nombre actuel de 3,8 milliards de voyageurs aériens pour dépasser la barre des 10 milliards.

« La croissance économique est la seule solution durable aux difficultés économiques actuelles », soutient Alexandre de Juniac, directeur général et chef de la direction de l’IATA. « Pourtant, nous voyons les gouvernements créer des obstacles au commerce plutôt que de le faciliter. Si cela se prolonge à long terme, la croissance sera plus lente et le monde en sera plus pauvre. » Selon le scénario de base retenu, le taux de croissance annuel moyen du nombre de passagers voyageant en avion se situe à 3,7 %. Il tomberait à 2,5 % sous le jeu du protectionnisme.

Mais il y a croissance en vue, quel que soit le contexte d’ouverture politico-économique. La pression vient de la région Asie-Pacifique, qui pourrait être la source de plus de la moitié des nouveaux passagers. Avec la Chine dépassant les États-Unis pour devenir le plus grand marché de l’aviation au monde, trafic entrant-sortant et trafic intérieur combinés. L’Inde remplacera le Royaume-Uni au troisième rang et l’Indonésie fera son entrée parmi les dix premiers marchés, sortant l’Italie de ce peloton. S’ajoute l’Afrique, qui abrite sept des dix marchés devant afficher le taux de croissance le plus rapide en pourcentage. « Au cours de la dernière décennie, la proportion du trafic total de passagers détenue par le monde en développement est passée de 24 à près de 40 % », a rappelé l’IATA.

Dans son scénario central, l’Association mise sur un taux de croissance annuel moyen de 2,5 à 2,8 % respectivement pour l’Europe et l’Amérique du Nord sur l’horizon 2035. Il atteint les 5,1 % en Afrique, 5 % au Moyen-Orient, 4,7 % dans la zone Asie-Pacifique et 3,8 % en Amérique latine.

« Peu importe le scénario qui s’avérera, la croissance accentuera la pression sur des infrastructures qui peinent déjà à répondre à la demande », a réitéré l’IATA. Et M. de Juniac de revenir sur l’engagement de l’industrie de « croître de façon durable ». Il pense à cet appui des compagnies aériennes à la mise en place du Régime de compensation et de réduction de carbone pour l’aviation internationale (CORSIA) annoncé au début du mois. Cette entente vise à plafonner les émissions nettes grâce à une croissance neutre en carbone à compter de 2020, a-t-il résumé.

À voir en vidéo