Gaspé pousse un soupir de soulagement

Alors que l’industrie éolienne presse le gouvernement Couillard de donner un signal clair sur l’avenir de la filière, une usine de pales tourne la page sur l’incertitude : LM Wind Power, de Gaspé, passera de 200 à 285 employés grâce à un gros contrat aux États-Unis.
Le fabricant, dont l’usine a produit plus de 5000 pales depuis son ouverture en 2005, refuse de révéler le nom du ou des clients, mais affirme que les pales sont destinées à « plusieurs parcs éoliens » dans le cadre d’une entente pluriannuelle.
« Notre visibilité comme usine s’arrêtait à septembre 2016 », a dit dans un entretien le directeur de l’usine, Alexandre Boulay. Cela s’explique par la fin d’un contrat pour le parc éolien Mesgi’g Ugju’s’n, dans la Baie-des-Chaleurs. Le nouveau contrat annoncé mardi matin arrive au moment où « l’énergie éolienne connaît une forte croissance aux États-Unis ».
M. Boulay affirme qu’une excellente relation avec le siège social, au Danemark, a facilité le démarchage, de même que la stabilité de la main-d’oeuvre et la récente optimisation des coûts. Le chef de la direction, Marc de Jong, a récemment visité les installations.
La puissance installée de l’énergie éolienne aux États-Unis était de 72,5 GW à la fin de 2015, soit deux fois le réseau d’Hydro-Québec. La croissance sera de 10 % cette année et de 11 % l’an prochain, selon les prévisions de l’Agence américaine de l’énergie.
La rumeur d’un contrat circulait depuis quelques semaines, si bien que même le maire de Gaspé, Daniel Côté, a fait allusion à l’imminence d’une annonce la semaine dernière lors des consultations publiques sur le projet de loi 106 concernant la transition énergétique du Québec.
L’obtention du contrat survient quelques mois après que la direction et le syndicat ont signé une lettre d’entente pour modifier la convention collective. Les quarts de travail pourront maintenant atteindre 12 heures sept jours sur sept, selon une formule 2-2-3 qui fixe les jours de travail suivis des jours de congé.
« C’est une bonne nouvelle », a dit Jacques Mimeault, président du Conseil central de la CSN Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine. « Le plus important était de conserver les 200 emplois, alors si en plus on en crée, c’est une bonne nouvelle pour la région. » Les perspectives pour les autres usines gaspésiennes sont incertaines, selon lui.
Les nouveaux emplois seront pourvus par une main-d’oeuvre locale, a dit M. Boulay, mais certains candidats sont des Gaspésiens d’origine qui habitent les grands centres et veulent revenir.
Portrait sectoriel
La filière éolienne québécoise emploie environ 5000 personnes, dont la majeure partie se trouve dans les services. Dans la région désignée de l’éolien, la Matanie et la Gaspésie, on trouve environ 1200 emplois. De ce nombre, 535 se trouvent dans les usines, selon Dave Lavoie, directeur du Créneau éolien ACCORD au TechnoCentre éolien, à Gaspé.
Le manufacturier a connu un pic d’environ 700 à 750 employés au moment d’un chevauchement d’appels d’offres du gouvernement québécois il y a quelques années. La base manufacturière comprend aussi Matane (le groupe allemand Enercon et Marmen, de Trois-Rivières) et New Richmond (le groupe québécois Fabrication Delta).
Québec a procédé à quatre appels d’offres depuis une dizaine d’années, voyant là une façon de stimuler le développement économique régional. Avant de procéder à un cinquième appel d’offres, toutefois, le gouvernement veut que les surplus d’Hydro-Québec diminuent de 4 à 2,5 %. Les derniers parcs éoliens québécois du plus récent appel d’offres devraient entrer en service en décembre 2017.