En allongeant 125 millions de plus, la Caisse de dépôt prend le contrôle

Afin d’éponger des dépassements de coûts de près de 40 % sur une enveloppe initiale de 1,1 milliard, la Caisse de dépôt réinjecte 125 millions et prend le contrôle de Ciment McInnis. Le refinancement total du projet controversé atteint les 250 millions, s’appuyant sur l’arrivée d’un nouveau partenaire financier dans la cimenterie gaspésienne.
La valeur du projet Ciment McInnis à Port-Daniel atteint désormais 1,5 milliard, confirmant les dépassements de coûts de quelque 400 à 450 millions reconnus en juin dernier. Le nouveau financement de 250 millions « est suffisant pour compléter le projet », souligne la Caisse de dépôt et placement du Québec dans son communiqué.
L’injection additionnelle de la Caisse prend la forme d’actions privilégiées. L’autre portion de 125 millions est consentie par le gestionnaire de fonds BlackRock Alternative Investors, sous forme d’une débenture, dont les modalités n’ont pas été précisées.
L’engagement total de la Caisse atteint désormais les 265 millions. L’institution avait pris une participation initiale de 100 millions dans le capital-actions du holding Beaudier Ciment, principal actionnaire de Ciment McInnis. Dans la foulée de l’annonce des dépassements de coûts, des investissements additionnels en équité avaient été effectués par les actionnaires de Ciment McInnis, « comme prévu dans l’entente d’investissement initiale », ajoute la Caisse, dont la contribution additionnelle était alors évaluée à 40 millions.
Du côté d’Investissement Québec, la participation initiale comprenait un investissement de 100 millions en capital-actions et un prêt garanti subordonné de 250 millions portant intérêt. Québec avait rejeté toute injection additionnelle dans l’aventure.
Avec sa mise supplémentaire annoncée jeudi, le gestionnaire québécois prend le contrôle du holding Beaudier Ciment, avec une participation de 55 %, contre 45 % pour la famille Beaudoin-Bombardier. Auparavant, cette répartition était inversée. La Caisse occupe également 7 des 11 sièges du conseil d’administration de la cimenterie.
Les conditions de la Caisse
« Il y avait dépassement de coûts. Nous avions dit que, s’il fallait réinvestir, ça se ferait à nos conditions. Nous le voyons », a déclaré Maxime Chagnon, directeur principal, Relations médias à la Caisse. « Dans une condition difficile, on a agi pour protéger la rentabilité de notre investissement et le capital de nos déposants. » L’annonce de jeudi « est une réponse à cela ».
Malgré cette hausse marquée de la valorisation, malgré l’ajout d’une débenture au passif, la Caisse de dépôt maintient ainsi sa croyance en la rentabilité du projet. On y croit davantage, « maintenant qu’on a pris le contrôle », précise Maxime Chagnon.
L’institution souligne dans son communiqué qu’elle a procédé à une réévaluation en profondeur des perspectives de rentabilité du projet « à la lumière des dépassements de coûts importants […] et pour protéger le capital de ses déposants ». Elle évoque les « qualités fondamentales de la cimenterie » et « de meilleures conditions de marché en Amérique du Nord qu’au moment de l’investissement initial ».
Au début du mois, le conseil d’administration de McInnis avait annoncé un remaniement de sa direction et le départ de son grand patron, Christian Gagnon. Un processus de recrutement international est en cours pour embaucher un nouveau p.-d.g. et, dans l’intervalle, un comité de direction a été mis sur pied, sous l’influence de la Caisse. « Nous croyons que ce projet bénéficie de fondamentaux de haute qualité. Pour cette raison, la Caisse a conclu une entente de changement de contrôle avec Beaudier. Avec la nouvelle équipe de direction et la nouvelle structure du capital que nous annonçons aujourd’hui, Ciment McInnis sera en mesure de saisir des occasions d’affaires attrayantes et de générer des rendements pour les clients de la Caisse », a déclaré Christian Dubé, premier vice-président, Québec de l’institution.