La récession sera la plus longue et la plus profonde des trente dernières années, prévient la TD

L’Alberta devrait renouer avec la croissance en 2017, aidée en cela par les efforts de reconstruction après les incendies à Fort McMurray.
Photo: Cole Burston Agence France-Presse L’Alberta devrait renouer avec la croissance en 2017, aidée en cela par les efforts de reconstruction après les incendies à Fort McMurray.

L’Alberta connaît présentement l’une des plus longues et des plus profondes contractions économiques depuis près de quatre décennies. Son PIB ne retrouvera son niveau d’avant récession qu’en 2018, aidé en partie par la reconstruction suivant les incendies à Fort McMurray.

Fortement liée aux aléas des cours pétroliers, l’économie albertaine est habituée aux cycles. Mais l’actuelle récession sera la plus longue et la plus sévère depuis le début des années 1980. Et la reprise attendue sera inférieure au rythme moyen observé.

Dans leur survol de l’économie albertaine publié lundi, les économistes de la TD chiffrent désormais à 3 % le plongeon du PIB de la province prévu cette année. La contraction anticipée pour 2016 était de 1 % dans les prévisions d’avril, avant que Fort McMurray ne soit frappé par de violents incendies. Si elle est atteinte, cette nouvelle cible gonflerait à 6,5 % le plongeon du PIB albertain depuis 2014.

2018
Année au cours de laquelle le PIB albertain devrait retrouver son niveau d’avant récession.

Dans son étude, la TD rappelle que l’Alberta en est à sa cinquième récession depuis le début des années 1980, la plus sévère selon le PIB ayant été celle de 2008-2009 (-5,5 %), alors que la crise financière avait entraîné la Grande Récession. L’actuel choc sera donc plus prononcé. Et le retour du PIB au niveau d’avant choc pétrolier est attendu pour 2018, ce qui étalera la période de stress économique sur quatre années. L’Alberta devrait renouer avec la croissance en 2017, aidée en cela par les efforts de reconstruction après les incendies à Fort McMurray, après avoir encaissé une chute de 40 % des investissements pétroliers par rapport au sommet de 2014.

Reprise plus lente

 

Si les reprises précédentes avaient été stimulées par un rebond plus rapide des prix des matières premières, la TD n’anticipe pas un scénario similaire cette fois-ci. Ainsi, le PIB albertain devrait croître au rythme annuel de 3,2 % durant les années 2017 et 2018, contre une moyenne de 5,8 % au sortir des récessions précédentes.

Faible consolation, ajoutent les analystes de la TD, les contrecoups sur le marché de l’emploi seront inférieurs, cette fois, aux secousses mesurées lors des dernières récessions. Lors de la pire d’entre elles au chapitre de l’emploi, soit en 1982-1983, le taux de chômage avait atteint un sommet à 11,7 % et l’emploi avait reculé de 5,3 %. Pour le repli de 2015-2016, le taux de chômage devrait atteindre un sommet de 7,9 % et l’emploi, diminuer de 3 %.

En contrepartie, le repli du revenu personnel disponible sera plus sévère, de quelque 5,6 % (en dollars constants) au cumul en 2015-2016, contre 3,9 % en 1982-1983. Ce qui n’empêchera pas les Albertains de continuer à afficher le revenu personnel disponible par habitant le plus élevé au Canada, à 77 000 $ cette année contre 53 000 $ dans le reste du Canada.

La TD rappelle que l’Alberta peut compter sur des adoucisseurs. Elle cite la faiblesse des taux d’intérêt, la chute du dollar canadien par rapport à son pendant américain et une activité économique relativement dynamique au sud de la frontière.

À plus long terme, l’Alberta aura cependant plusieurs défis à relever. La TD parle de déficits budgétaires notoires qu’il faudra effacer. Elle souligne également une capacité en pipeline inadéquate, la concurrence pour les investissements venant de l’industrie américaine du schiste et les enjeux découlant du réchauffement climatique, « pour ne nommer qu’eux ».

 

Consultez notre dossier Incendie à Fort McMurray

À voir en vidéo