Les agences de notation voient d’un bon oeil le budget Leitão

Le budget déposé jeudi par le gouvernement Couillard ne change pas pour l’instant l’opinion des agences de notation, mais celles-ci voient d’un oeil favorable le retour de l’équilibre budgétaire et la diminution prévue du poids de la dette au cours des prochaines années.

Deux agences, Moody’s et DBRS, se sont prononcées vendredi, au lendemain d’un budget qui promet pour 2016-2017 une hausse des dépenses de programmes de 2,7 %, un point de plus qu’en 2015-2016, lorsque certaines compressions ont soulevé un tollé dans la population. Les enveloppes de la santé et de l’éducation augmenteront de 2,4 % et 3 % cette année.

La note de Moody’s est actuellement de Aa2 alors que celle de DBRS est de A (élevé), les deux attribuant au Québec une perspective « stable ». Chez Moody’s, il s’agit de la troisième plus haute note (capacité très élevée de s’acquitter des obligations), comparativement à DBRS (capacité élevée), dont il s’agit de la quatrième plus haute. En guise de comparaison, la cote du gouvernement fédéral chez Moody’s est de Aaa, la meilleure.

L’agence Moody’s, qui entend évaluer plus en profondeur le budget, a retenu que Québec prévoit cinq années d’équilibre, de même que la mise de côté d’une somme de contingence annuelle de 400 millions pendant quatre et de 500 millions la cinquième année.

« Cette prévision survient au terme d’un budget équilibré, lequel revient en dépit d’une croissance économique plus faible que prévu », a écrit l’équipe de Moody’s. Cette croissance continuera d’avoir la mine basse à moyen terme, a-t-elle ajouté.

Moody’s a mentionné que le retour de l’équilibre budgétaire « devrait donner un peu de répit aux secteurs de la santé et de l’éducation, qui ont vécu des défis de financement au cours des dernières années ». Le Québec, cependant, « continue d’être prudent dans ses prévisions de dépenses étant donné l’environnement économique plus faible que prévu ».

La Loi sur la réduction de la dette oblige le gouvernement à ramener la dette brute à 45 % du produit intérieur brut d’ici 2016. L’an dernier, ce ratio était de 55,1 %, et il sera de 55 % au 31 mars 2016.

Fonds des générations

 

Afin de forcer une diminution du poids de sa dette, le gouvernement s’est doté, il y a une dizaine d’années, du Fonds des générations, dans lequel il verse de l’argent dont la responsabilité est confiée à la Caisse de dépôt et placement. Dans les faits, Québec a enregistré un excédent de 2 milliards en 2015-2016 et a versé cette somme au Fonds.

DBRS a noté que la tendance baissière du poids de la dette vis-à-vis de l’économie québécoise est « encourageante », mais que l’exercice nécessitera néanmoins un effort soutenu pour « ramener de la flexibilité dans le profil de crédit afin de braver d’éventuelles périodes de faiblesse économique ».

DBRS a précisé que son commentaire de vendredi se base sur des « estimations à vol d’oiseau » et qu’elle raffinera son analyse dans le cadre de son exercice annuel ce printemps. Cependant, elle note déjà la « gestion fiscale récemment améliorée » et fait remarquer que les ententes avec plusieurs syndicats du secteur public procurent une « certitude au chapitre des coûts » jusqu’à la fin de 2018-2019.

La dette brute du Québec se chiffrera à 207,7 milliards au 31 mars 2016. Cela comprend 189 milliards de dette directe et 26,7 milliards de passif de régimes de retraite, une somme de laquelle il faut cependant soustraire les 8,5 milliards accumulés dans le Fonds des générations. À un ratio de 55 % du PIB, le Québec traîne la plus lourde dette au Canada, loin derrière l’Ontario (46 %).

Emprunts cette année

 

Les gouvernements accordent une importance exceptionnelle aux cotes de crédit, car ils doivent sans cesse se tourner vers les marchés obligataires pour lever des capitaux. En 2015-2016, Québec a récolté 15,5 milliards, une somme deux fois plus élevée que prévu dans un contexte de taux d’intérêt extrêmement bas. Cette année, le montant a été fixé à 14 milliards, suivi de 16 milliards et 17,8 au cours des deux années subséquentes.

L’échéance moyenne des emprunts du Québec est présentement de douze ans, selon le budget Leitão.



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