Il n’y aurait pas de corrélation entre gouvernance et performance boursière

Il n’y a pas de corrélation mesurable entre une bonne gouvernance fiduciaire et une performance boursière supérieure. Mais l’association tient lorsqu’il y a présence d’actions à vote multiple.

« Les scores de gouvernance ne montrent aucune association significative avec la performance boursière », conclut Yvan Allaire. Le président exécutif du conseil de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques publie une petite étude de huit pages cosignée avec François Dauphin, directeur de la recherche de l’IGOPP, dans laquelle ils revisitent ces exercices visant à établir une corrélation entre gouvernance et performance boursière.

« La performance économique et boursière d’une entreprise est la résultante de tant de facteurs, conjoncturels, stratégiques, concurrentiels, de tant d’impondérables, de décisions prises dans un passé plus ou moins lointain qu’il serait surprenant que l’on puisse établir une relation statistique entre la qualité de la gouvernance fiduciaire et la performance boursière », conclut l’étude.

Les auteurs ont poussé leur réflexion en s’attardant sur l’incidence de la présence d’actions à droit de vote multiple. « Quelle que soit la période (un an, trois ans, cinq ans), que l’on compare des moyennes ou des médianes, les sociétés comportant des classes d’action avec votes inégaux montrent des performances boursières largement supérieures aux performances des entreprises conventionnelles », concluent-ils, tout en précisant que l’observation n’atteint cependant pas le seuil habituel de signification statistique.

Lorsque bien encadrées juridiquement, les actions à droit de vote multiple sont reconnues pour apporter une vision à plus long terme, pour éloigner les prises de contrôle hostiles et autres tentatives d’investisseurs prédateurs ; pour décourager les assauts spéculatifs d’actionnaires activistes n’ayant que la valorisation à court terme de l’actionnaire, sans autre préoccupation pour les autres parties prenantes ; et pour pérenniser la contribution du fondateur ou d’un membre de sa famille dont la compétence serait reconnue pour assurer la relève.

« Il faut que les membres du conseil soient non seulement “indépendants”, mais surtout légitimes et crédibles, toutes qualités qu’un score de gouvernance, aussi exhaustif soit-il, ne peut capter », ont ajouté les auteurs.

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