La chute des prix se reflète dans les résultats des pétrolières

La chute prolongée des cours de l’or noir plombe les résultats financiers des grandes pétrolières.
Pour une, BP a plongé dans le rouge en 2015 avec la chute des cours du brut, ayant enregistré une perte nette de 6,48 milliards $US contre un bénéfice de 3,78 milliards un an plus tôt. Le groupe pétrolier britannique a aussi annoncé mardi une charge de 2,6 milliards au quatrième trimestre, essentiellement pour des dépréciations dans l’activité amont (exploration et production) ainsi que pour des frais de restructuration.
BP a blâmé « l’impact de la forte baisse des cours du pétrole et du gaz » sur son activité amont, même si cela a été compensé par de bons résultats dans l’aval (raffinage, pétrochimie…).
Comme ses concurrents, BP a commencé à réduire la voilure face à la chute des cours, en réduisant ses investissements et ses effectifs. Le groupe prévoit environ 4000 suppressions de postes — déjà annoncées — parmi ses employés et sous-traitants en 2016 dans l’amont ainsi que jusqu’à 3000 supplémentaires dans l’aval d’ici la fin de 2017. « Nous continuons à agir rapidement pour nous adapter et rééquilibrer BP face à un environnement changeant », a déclaré Bob Dudley, le directeur général du groupe. « Nous faisons de bons progrès pour gérer et réduire nos coûts et nos dépenses en capitaux, tout en maintenant des opérations sûres et fiables, et en continuant à investir de façon disciplinée dans notre portefeuille futur », a-t-il assuré.
Dans ce contexte, les grandes compagnies pétrolières sont toutes contraintes de faire profil bas. Royal Dutch Shell, dont les résultats ont fondu en 2015, prévoit supprimer près de 10 000 emplois en 2015 et cette année en son sein et chez BG Group, qu’elle est en train de racheter. Standard and Poor’s avait abaissé lundi les notes de Shell et prévenu qu’elles pourraient encore baisser, comme celles de cinq autres majors pétrolières, dont BP et Total.
BP a aussi continué à payer la facture héritée de l’explosion en 2010 de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique. Le groupe a encore dû mettre de côté 12 milliards l’an dernier pour faire face aux conséquences de la catastrophe, qui avait fait 11 morts et causé une marée noire gigantesque.
L’action a été sanctionnée à la Bourse de Londres, où elle a enregistré la plus mauvaise performance de l’indice FTSE-100 des principales valeurs. Elle a clôturé sur un plongeon de 8,7 %. Seul point positif pour les investisseurs : le dividende a été maintenu, à 10 pence par action au titre du quatrième trimestre. BP n’a pas caché que la situation devrait rester tendue à l’avenir, indiquant s’attendre à « ce que les prix du pétrole continuent à être difficiles à court terme ».
Chute chez Exxon et Impériale
Pour sa part Exxon Mobil a accusé une chute de 58 % de son bénéfice net du quatrième trimestre à 2,78 milliards. Par action, le bénéfice atteint 67 ¢ US. Le chiffre d’affaires de la première compagnie pétrolière mondiale s’est établi à 59,91 milliards, en baisse de 31 %, alors que la production pétrolière et gazière a augmenté de 4,8 % à 4,25 millions de barils par jour. La première compagnie pétrolière mondiale cotée par la capitalisation a réalisé son plus maigre bénéfice trimestriel depuis près de 10 ans et prévoit désormais de limiter ses investissements de 2016 à environ 23,2 milliards.
Sa filiale canadienne, l’Impériale, a vu son bénéfice net plonger de 85 % pour s’établir à 102 millions ou 12 ¢ par action au quatrième trimestre, comparativement à 671 millions ou 79 ¢ par action l’an dernier. Le secteur Amont a enregistré une perte nette de 289 millions au cours du quatrième trimestre, contre un revenu net de 218 millions pour la même période de 2014. Les revenus nets du secteur Aval étaient de 352 millions, contre 397 millions l’an dernier.
La production s’est établie en moyenne à 400 000 barils d’équivalent pétrole bruts par jour, soit une hausse de 27 % par rapport aux 315 000 barils au cours de la même période en 2014. Les ventes de produits pétroliers ont été de 467 000 barils par jour, par rapport à 480 000 barils par jour au quatrième trimestre de 2014.
Pour l’exercice, L’Impériale rapporte un bénéfice en déclin de 70 % à 1,1 milliard ou 1,32 $ par action, contre 3,8 milliards ou 4,45 $ par action un an plus tôt.