2016, l’année du «statu quo»

Il n’est pas impossible que la Banque du Canada réduise encore ses taux d’intérêt en début d’année pour insuffler un peu d’énergie à l’économie canadienne, mais le scénario le plus probable reste un « long statu quo », estime le Mouvement Desjardins.
« Une baisse supplémentaire des cours pétroliers et de nouvelles déceptions économiques pourraient ouvrir la porte à un nouvel assouplissement au Canada en première moitié d’année », précisent les économistes de Desjardins dans leur plus récente prévision des taux de détail dévoilée mardi. Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a même expliqué il y a deux semaines qu’il pourrait, à l’instar d’autres banques centrales, dont celle de la zone euro, faire passer au besoin son taux directeur dans la zone négative jusqu’à environ –0,50 %.
« Il faudrait toutefois un nouveau choc de taille pour que la Banque du Canada envisage des taux négatifs ou d’autres mesures non traditionnelles », particulièrement dans un contexte de début de remontée du taux directeur de la Réserve fédérale américaine qui ne contribuera qu’à exercer un peu plus de pression à la baisse encore sur le dollar canadien, stimulant ainsi d’une autre manière l’économie canadienne en baissant le prix de ses exportations sur les marchés étrangers.
Aussi, « un long statu quo reste le scénario le plus probable », disent les prévisionnistes de Desjardins. Cette pause devrait durer jusqu’au milieu de 2017 et être largement suivie par les principaux taux de détail, qu’ils soient pour les prêts hypothécaires ou les dépôts à terme.
À 1 % au début de l’année, le principal outil d’intervention monétaire de la Banque du Canada a été réduit d’un quart de point de pourcentage à deux reprises au cours de la première moitié de l’année et s’établit depuis à 0,50 %.
Du jamais vu depuis 2003
L’économiste de la Banque Nationale, Krishen Rangasamy, s’attend lui aussi à ce que le taux directeur de la banque centrale canadienne reste inchangé jusqu’en 2017. « Peu importe le nombre de réductions des taux d’intérêt par la Banque du Canada, les entreprises n’investiront pas plus si les bénéfices baissent et que les perspectives de croissance fléchissent », a-t-il observé mardi dans une analyse.
De toute façon, dit-il, si l’on tient compte de l’effet conjugué des faibles taux d’intérêt et de la faiblesse du huard, le Canada présente déjà « les conditions les plus stimulantes depuis une douzaine d’années ».
Il explique entre autres que la dépréciation du huard ne sert pas seulement les exportateurs canadiens, mais attirera aussi les touristes étrangers au pays en même temps qu’il encouragera les voyageurs canadiens à y rester. On devrait ainsi faire des heureux du côté des exportateurs, de l’industrie touristique ainsi que du commerce de détail.
Il ne faudrait pas oublier non plus l’arrivée d’un nouveau gouvernement à Ottawa et ses promesses durant les élections, note Krishen Rangasamy. Les libéraux de Justin Trudeau se sont en effet engagés à donner un coup d’épaule en adoptant un programme d’investissement dans les infrastructures de plusieurs milliards visant à relancer l’économie. Cela devrait aider le Canada à traverser ce passage à vide.