Il y a toujours surabondance de condos sur le marché

Photo: Jacques Nadeau Le Devoir

Il faudra encore quelques années pour épurer le marché immobilier résidentiel de son trop-plein de copropriétés. D’autant que Montréal et Québec montrent des signes de surévaluation.

Le marché de la copropriété au Québec continue à afficher d’importants surplus. « Les acheteurs sont plus rares et l’offre continue de croître. Résultat : les marchés du neuf et de l’existant sont tous les deux en situation excédentaire », écrit Hélène Bégin. Dans sa note publiée jeudi, l’économiste principale au Mouvement Desjardins soutient qu’« il faudra compter plus d’un an ou deux avant d’assister à un retour à des conditions plus saines ».

La semaine dernière, dans ses perspectives pour 2016-2017, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) avançait que les marchés de Montréal et de Québec affichaient des signes de surévaluation, les facteurs économiques et démographiques ne soutenant pas les prix observés. L’institution invitait toutefois à miser sur une accélération de l’activité économique québécoise l’an prochain. « Pendant que le marché de la revente se resserrera légèrement, le vieillissement de la population donnera un élan à la construction résidentielle, surtout dans le segment des logements locatifs », résidences pour personnes âgées en tête, en raison de l’essoufflement anticipé du segment des condos. Le taux d’inoccupation sur le marché locatif devrait toutefois continuer d’augmenter d’ici 2017 pour atteindre 4,4 %, loin du seuil d’équilibre de 3 %, a-t-elle précisé.

« D’ici 2017, les conditions du marché se resserreront quelque peu, mais celui des copropriétés sera une fois de plus favorable aux acheteurs […] Le stock de copropriétés neuves inoccupées demeure élevé », a ajouté la SCHL.

Hélène Bégin parle d’une situation généralisée au Québec, avec une offre excédentaire persistant depuis un an dans toutes les gammes de prix. Le ratio vendeur/acheteur est plus élevé que le seuil d’équilibre dans toutes les régions métropolitaines de recensement (RMR). Il dépasse les 22 au Saguenay et les 18 à Sherbrooke. On dénombre 18 vendeurs pour un acheteur à Québec, 16 pour un à Gatineau, 14 pour un à Montréal et 12 pour un à Trois-Rivières.

L’économiste souligne que les promo-teurs/constructeurs s’ajustent à la nouvelle réalité. Les mises en chantier ont chuté cette année dans la plupart des RMR. Toutefois, « il faudra patienter quelques années pour qu’une nouvelle vague de mises en chantier soit justifiée par les conditions de marché. Les nouveaux projets seront moins nombreux et certains seront justifiés, tout dépendant des besoins dans chacun des secteurs [et] du potentiel de marché à certains endroits ».

Aussi, « l’épisode de hausses de prix de 5 à 10 % par année a fait place à une stagnation des prix et même à des reculs à certains endroits ». Hélène Bégin estime qu’à plus long terme, l’appréciation de la valeur des copropriétés devrait se coller à l’évolution de l’inflation, soit autour de 2 % par année. « La période de fortes augmentations des prix semble définitivement chose du passé », soutient-elle.

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