Recul inacceptable

Réginald Harvey Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Syndicalisme

Dans le milieu de la santé, on les appelle les périsoignants, qui font partie intégrante du bon fonctionnement du réseau. En éducation, on parle de personnels de soutien qui remplissent des tâches nécessaires au roulement efficace du système. Ils représentent en tout plus de 170 000 travailleurs au sein du secteur public, actuellement en négociations avec le gouvernement.

« On les qualifie souvent de “gras durs” en parlant de la fameuse sécurité d’emploi ; mais seulement 60 % de notre monde peut y accéder, et 40 % du personnel est formé de gens qu’on appelle des remplaçants, des temporaires ou des occasionnels, qui n’ont pas accès à celle-ci. Ils sont en situation de précarité », souligne Serge Morin, directeur adjoint du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), le plus important membre affilié de la FTQ.

Il reprend le discours de son collègue président de la FTQ, Daniel Boyer, au sujet des demandes salariales et du rattrapage qui s’impose sur ce plan : la dernière convention collective a fait en sorte que les travailleurs qu’il représente accusent maintenant un retard de 7,6 % sur le secteur privé ; sans compter que le Conseil du trésor offre actuellement des hausses de salaire qui, encore une fois, n’arrivent pas à suivre le même rythme que l’indice d’augmentation du coût de la vie, se situant à 2 % par année : « On nous propose un autre recul de 8 % qui, ajouté à celui de 7,6 %, va faire beaucoup en moins. »

Il est question ici, selon lui, « d’employés qui ne gagnent pas des salaires mirobolants : c’est du 20 $ et du 25 $ de l’heure. On parle d’une moyenne salariale à 38 000 $ par année, mais c’est là un salaire moyen qui, à cette hauteur, comprend beaucoup de monde, y compris bon nombre de professionnels. »

Il tient un discours qui fait appel à la stimulation de l’économie en corollaire avec le manque à gagner de ses troupes : « Quand on crée ce qu’on appelle cette forme de rétention financière sur le personnel des services publics, le monde songe à démissionner, les services ne sont pas performants, et une pareille diminution des revenus a aussi des conséquences directes sur le gagne-pain de tout le monde dans un environnement donné ; les gens achètent moins, dépensent moins et ils y vont sur l’essentiel, point à la ligne. »

Il parle de « conséquence sociale importante et, sur le plan économique, on peut faire des débats sur l’austérité tant qu’on veut, mais nous, on est des partisans de ceux qui disent qu’il ne faut pas avoir peur d’investir quand on se retrouve face à une situation économique qui est fragile ; il va de soi qu’il faut contrôler les dépenses d’une certaine façon et ne pas faire les fous, mais il faut investir dans l’éducation et dans la santé correctement, prendre les bonnes mesures, et donner espoir. Actuellement, on ne regarde que les colonnes des dépenses. »

Du côté des tables sectorielles

 

Il aborde les aspects autres que celui du salaire de la négo en faisant ressortir ce point : « Un des éléments majeurs, particulièrement dans la santé, c’est que vous aviez des règles relativement aux déplacements du personnel ; prenons l’exemple d’un rayon de 50 kilomètres : dans une région donnée, il est possible d’être déplacé d’un établissement vers un autre situé à cette distance. »

Il se pose maintenant un problème avec les fusions d’établissements que le projet de loi 10 du ministre Barrette a entraînées : « Un établissement en Abitibi, ça couvre maintenant toute cette région, ce qui fait qu’une personne peut maintenant être replacée à l’intérieur d’un territoire tellement vaste qu’il ne fait plus de sens, en comparaison avec ce que contenaient antérieurement les conventions collectives. Il reste à corriger les règles relatives aux déplacements. »

Il porte cette évaluation d’ensemble sur le sectoriel : « C’est variable d’une table à l’autre actuellement. On ne sent pas d’avancées uniformes et on perçoit comme une espèce de stagnation dans la mesure où, tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas de progrès véritable à la table centrale, il semble que celles du sectoriel sont comme bloquées. On nous a fait rester au travail durant tout l’été pour négocier et, pendant ce temps-là, rien n’a bougé. »

 

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