Se projeter dans l’avenir

David Lipes, le nouveau président de l’Alliance numérique, l’organisation qui défend les intérêts de studios de jeu vidéo du Québec.
Photo: Pedro Ruiz Le Devoir David Lipes, le nouveau président de l’Alliance numérique, l’organisation qui défend les intérêts de studios de jeu vidéo du Québec.

L’industrie québécoise du jeu vidéo conclura dans les prochains jours une année mouvementée avec son grand rassemblement annuel. Maintenant que les crédits d’impôt sont de retour, le Sommet international du jeu vidéo de Montréal (MIGS) permettra dès dimanche et jusqu’à mardi aux acteurs de ce secteur en constante évolution de se mettre à la recherche du prochain filon à exploiter.

Dans l’univers québécois du jeu vidéo, c’est en quelque sorte le calme après la tempête. Le gouvernement Couillard avait décidé l’an dernier de faire passer de 37,5 % à 30 % le crédit d’impôt pour les titres multimédias, ce qui avait fait bondir l’industrie. Québec est finalement revenu sur sa décision dans le budget déposé en mars dernier, au grand bonheur de l’Alliance numérique, qui représente les studios de jeu vidéo de la province.

« Ce sont les crédits d’impôt qui permettent aux studios d’investir dans leur boîte et dans l’économie du Québec, explique en entrevue au Devoir le nouveau président de l’Alliance, David Lipes. Chaque fois qu’une nouvelle technologie se présente, nous sommes maintenant prêts à investir dans l’avenir. »

C’est donc l’esprit tranquille que les acteurs de l’industrie québécoise du jeu vidéo se présenteront au MIGS 2015, un des plus grands rassemblements dans le domaine du jeu vidéo en Amérique du Nord, après des événements comme la Game Developers Conference de San Francisco ou le E3 de Los Angeles.

« C’est un événement pour les gens qui font partie de l’industrie, pour les étudiants qui aimeraient se joindre à l’industrie et pour ceux qui veulent voir ce qui se passe à Montréal, un pôle mondial du jeu vidéo », souligne M. Lipes, qui a pris la tête de l’Alliance numérique depuis quelques semaines.

Le sommet, qui en est à sa douzième édition, rassemblera des professionnels provenant de 60 pays différents. Au menu : conférences, formations et démonstrations. Les participants pourront notamment essayer les plus récentes lunettes de réalité virtuelle et des jeux qui ne sont pas encore sur les tablettes, comme le très attendu For Honor d’Ubisoft. Les visiteurs pourront également recevoir les conseils d’un des pionniers de l’industrie mondiale du jeu vidéo, Ian Livingstone.

« Le sommet permet d’échanger des idées et de voir comment on peut s’améliorer, ajoute David Lipes. C’est aussi l’occasion de mettre en évidence les succès, l’énergie et l’enthousiasme de Montréal et du Québec. »

 

La fin de l’incertitude

Le MIGS permettra à l’industrie du jeu vidéo de se projeter dans l’avenir en cernant les tendances émergentes, mais aussi de dresser un bilan des 12 derniers mois. Les nuages noirs que laissaient planer les choix budgétaires de Québec se sont dissipés, et le nouveau président de l’Alliance numérique ne voit désormais rien de menaçant à l’horizon.

« On a vraiment un écosystème très diversifié et en très bonne santé », estime-t-il. Selon les chiffres de l’Alliance, l’industrie québécoise du jeu vidéo a un « impact économique » annuel de 827 millions, et génère des revenus fiscaux de l’ordre de 145 millions. Elle représente quelque 10 000 emplois directs et indirects et évolue dans un marché mondial qui connaît un fort taux de croissance.

David Lipes le sait mieux que personne, lui qui a cofondé en 2010 le studio Budge, spécialisé dans les jeux pour enfants sur téléphones intelligents et tablettes.

 

Depuis ses débuts en 2010, l’entreprise est passée de 3 à 90 employés. Jusqu’à maintenant, près de 160 millions d’utilisateurs ont téléchargé ses différentes applications, qui mettent en vedette des personnages bien connus des tout-petits, comme Barbie, Caillou, Bob l’Éponge ou Dora.

« On a la chance d’avoir les ressources disponibles ici à Montréal », affirme l’homme d’affaires, au sujet des succès de son entreprise.

À titre de président de l’Alliance numérique, il a donc l’intention de poursuivre dans la même veine que ses prédécesseurs en faisant valoir l’importance de l’industrie du jeu vidéo pour l’économie du Québec. Le gouvernement Couillard reconnaîtra une fois de plus cette contribution avec une nouvelle annonce prévue « très bientôt », dit M. Lipes.

En juin dernier, Québec a mis de côté 15 millions de dollars pour permettre à Investissement Québec de donner un coup de main à des entreprises du jeu vidéo dont le siège social et le principal établissement sont au Québec. Il veut aider les studios locaux à développer des projets dont ils conserveront la propriété intellectuelle. Le dévoilement de certaines ententes serait imminent.

L’un des défis de l’Alliance numérique au cours de la prochaine année sera par ailleurs de pourvoir les postes qui cherchent toujours preneurs dans les studios du Québec, petits et grands. Fin septembre, on comptait 500 emplois disponibles, ce qui distingue l’écosystème du jeu vidéo de bien des secteurs qui en arrachent par les temps qui courent.

« La main-d’oeuvre, c’est un défi pour tous les studios, admet David Lipes. Mais quand il y a des embauches, quand plusieurs studios veulent grandir, c’est un beau problème. »

827 millions
C’est l’«impact économique» annuel de l’industrie québécoise du jeu vidéo qui génère, par ailleurs, des revenus fiscaux de l’ordre de 145 millions. 

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