L’urgence du virage numérique

La présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique F. Leroux
Photo: Michaël Monnier Le Devoir La présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique F. Leroux

La révolution numérique qui impose son propre rythme au milieu des affaires montréalais est une priorité pour Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, dont les actifs avoisinent désormais les 260 milliards. Un Nord-Américain sur deux se dit prêt à recourir à une autre entreprise qu’une institution financière pour ses services financiers, selon la firme Accenture. D’où l’urgence d’agir vite, plaide-t-elle.

« On aime nos téléphones intelligents », insiste la grande patronne de l’institution financière la plus solide en Amérique du Nord, selon Bloomberg. Citant les Apple, Google, Amazon et Facebook qui offrent des solutions de paiement et des services financiers, Monique F. Leroux souligne l’urgence pour les institutions financières de s’adapter à cette réalité. Un tiers des jeunes de la génération des « Millennials » juge qu’il n’aura pas besoin de se déplacer à la banque d’ici cinq ans, selon le Millennial Disruption Index, ajoute-t-elle. En 2015, les institutions financières ont investi plus de 12 milliards seulement en technologie pour ne pas subir la déferlante.

Devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain conquis d’avance, Mme Leroux s’est dite mercredi une fois de plus très fière d’être au sein de la première institution financière au Québec à offrir le paiement mobile à ses membres. Pour elle, le milieu financier doit proposer une offre toujours plus alléchante aux consommateurs. Monique F. Leroux se réjouit d’ailleurs des nouvelles avancées technologiques développées avec des partenaires coopératifs européens en ce moment. « On ne peut pas se mettre la tête dans le sable », plaide-t-elle en insistant sur la nécessité d’agir rapidement pour bonifier l’offre.

Discutables ristournes

 

Mais le défi technologique n’est pas le seul que doit relever le Mouvement Desjardins. La capitalisation de l’institution demeure une priorité dans le sillon de la crise financière de 2008-2009. À l’instar des nouvelles normes internationales de capitalisation imposées aux institutions pouvant représenter un risque systémique (too big to fail), au Québec, Desjardins se qualifie d’institution « à risque systémique intérieur ». En congrès, le 19 septembre dernier, 76 % des délégués ont reconnu l’importance de poursuivre la croissance de l’institution, notamment en maintenant une solide capitalisation et en versant davantage d’excédents à la réserve. « Pour nous, la meilleure façon de se capitaliser, c’est de mettre en réserve nos excédents », estime Monique F. Leroux.

« Sommes-nous capables de revoir la ristourne ? Est-ce que nos gens reçoivent des ristournes ? Ça a été l’une des discussions que nous avons eues lors de notre congrès », explique Monique F. Leroux. Intimement liée à l’identité coopérative de l’institution financière, la possibilité de cesser de verser les célèbres ristournes a fait grand bruit il y a quelques jours.

« Au cours des deux ou trois dernières années, nous avons émis des parts de capital F que l’on peut qualifier comme étant du capital de première catégorie. Nous avons été parmi les premiers groupes coopératifs sur la planète à émettre ce type de part », dit-elle. Celle qui quittera ses fonctions au mois d’avril prochain, après deux mandats de quatre ans, sait que c’est d’ailleurs un défi que devra relever la personne qui tiendra les rênes de l’institution qui peut se targuer désormais de 20 milliards en capitaux propres en cette période de récession technique.

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