Le fonds est devenu mondial

Martine Letarte Collaboration spéciale
Le Fonds Desjardins SociéTerre Environnement regarde principalement les émissions de GES et la consommation d’eau.
Photo: Frederic J. Brown Agence France-Presse Le Fonds Desjardins SociéTerre Environnement regarde principalement les émissions de GES et la consommation d’eau.

Ce texte fait partie du cahier spécial Finance

Le Fonds Desjardins Environnement est devenu en juin le Fonds Desjardins SociéTerre Environnement. La grande différence ? Au lieu de se limiter à des actions canadiennes, le fonds considère maintenant les entreprises de partout dans le monde lorsque vient le temps d’investir. Pour faire des choix judicieux, Desjardins a revu complètement son protocole de sélection des titres.

Les revenus d’une entreprise sont importants, mais elle a aussi des émissions de gaz à effet de serre (GES), elle consomme de l’eau, elle utilise des écosystèmes, elle produit des déchets. Pour mesurer la performance d’une entreprise en tenant compte du volet environnemental, il faut analyser ces éléments. Certaines compagnies ont un meilleur bilan que d’autres et c’est dans ces joueurs que le Fonds Desjardins SociéTerre Environnement souhaite investir. Pour faire des choix éclairés, Desjardins se base sur les données de la firme britannique TruCost.

« Notre approche est innovante et nous sommes parmi les premiers au Canada, et je pousserais jusqu’à dire dans le monde, à utiliser des données environnementales pour réaliser une sélection de titres », avance Denis Dion, chef de produit, fonds de placement, Gestion de patrimoine Desjardins.

L’impact du nouveau protocole de sélection des titres a été instantané sur la composition du fonds. L’exposition du portefeuille aux secteurs de l’énergie et des matériaux, dont les mines, a été réduite de 60 %. Alors que ces secteurs comptent pour un peu plus de 30 % du marché boursier canadien, ils comptent maintenant pour 8 % dans le Fonds Desjardins SociéTerre Environnement.

« Cela fait en sorte que, même si elles demeurent des leaders dans leur domaine, des entreprises comme Suncor et Goldcorp ne font plus partie du portefeuille », précise M. Dion.

Par contre, on y voit Netflix, le consortium suisse dans le domaine de l’assurance ACE, la compagnie japonaise Sanrio à qui on doit Hello Kitty, l’américaine Monster Beverage Corp et la canadienne Loblaws.

Cette façon de sélectionner les titres permet à Desjardins d’atteindre deux objectifs précis : trouver une façon de maintenir un rendement financier comparable avec l’investissement traditionnel tout en ajoutant la dimension extrafinancière de performance environnementale.

« L’impact environnemental du fonds s’est réduit de 70 % et nos simulations nous ont même montré des performances meilleures que l’investissement traditionnel, indique M. Dion. Toutefois, notre promesse est de faire un rendement similaire alors que l’opinion publique pense encore que les rendements sont moindres lorsqu’il est question d’investissement responsable. »

Évolution de la demande

 

Le Fonds Desjardins Environnement a été lancé en 1990 et, depuis, les demandes des investisseurs sont différentes.

« Avant, on investissait dans des entreprises conscientes de leur impact sur l’environnement, mais à la suite de discussions avec des détenteurs et des conseillers, on a réalisé que la notion d’environnement avait évolué depuis 25 ans », indique M. Dion.

Le Canada est très présent dans les secteurs de l’énergie et des mines puis dans le secteur financier qui soutient aussi les entreprises de ces domaines.

« Or, maintenant, on nous demande d’investir dans des domaines avec un impact environnemental plus faible, précise Denis Dion. En restant un fonds d’actions canadiennes, on était très limités. C’est pour cette raison qu’en juin nous avons demandé aux détenteurs de parts la permission de devenir un fonds d’actions mondiales, et ce fut accepté. »

 

Critères de sélection et contraintes

 

Avec TruCost, les entreprises se voient attribuer un coût pour chacune des composantes environnementales. Le Fonds Desjardins SociéTerre Environnement regarde principalement les émissions de GES et la consommation d’eau.

« Par exemple, pour calculer la consommation d’eau, la firme tient compte de l’endroit où l’entreprise est en activité, explique Denis Dion. C’est différent s’il y a une abondance de la ressource dans la région, comme au Québec, ou une rareté, comme en Californie. »

Ainsi, on peut conclure qu’une entreprise a des coûts environnementaux équivalents à 1 % de ses revenus, ou à 5 %, par exemple.

« Ces données nous permettent d’évaluer les entreprises sur l’impact réel qu’ont leurs activités sur l’environnement par rapport à l’indice de référence », affirme M. Dion.

On passe des bonnes intentions aux preuves sur le plan de la performance environnementale.

 

« L’investissement responsable n’est pas que des paroles : il y a du concret derrière », précise-t-il.

En construisant son protocole de sélection de titres, Desjardins a évalué différents scénarios. Au départ, on a regardé quelle serait la sélection d’entreprises si on choisissait uniquement celles avec les plus faibles coûts environnementaux par rapport à leurs profits.

« Nous arrivions avec un portefeuille composé en grande partie de sociétés financières européennes, raconte M. Dion. Le résultat n’était pas celui d’un portefeuille bien diversifié. Nous avons donc intégré différentes contraintes sectorielles et géographiques pour maintenir une saine diversité et minimiser la volatilité. »

Le bassin d’entreprises de TruCost compte plus de 4000 émetteurs dans le monde.

Le Fonds Desjardins SociéTerre Environnement a un niveau de risque moyen et est pondéré à 48 % d’actions internationales, à 44 % d’actions américaines et à 4 % d’actions canadiennes.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

À voir en vidéo