L’OCDE plus pessimiste sur la croissance canadienne

« Les pays exportateurs de matières premières, comme l’Australie et le Canada, continuent d’être confrontés à de forts vents contraires avec la chute du prix de leurs exportations de pétrole, de charbon et des métaux », a expliqué l’OCDE.
Photo: Jacques Grenier Archives Le Devoir « Les pays exportateurs de matières premières, comme l’Australie et le Canada, continuent d’être confrontés à de forts vents contraires avec la chute du prix de leurs exportations de pétrole, de charbon et des métaux », a expliqué l’OCDE.

L’OCDE a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour le Canada. Plombé par la chute des prix du pétrole et des autres matières premières, le pays se retrouve avec une économie anémique qui aura besoin de l’aide de ses pouvoirs publics. Une question qui ne manquera pas d’animer le débat entre les partis fédéraux en campagne électorale.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a réduit mercredi de presque un demi-point de pourcentage ses perspectives de croissance pour l’économie canadienne à seulement 1,1 % cette année, alors qu’elle lui prédisait encore 1,6 % au mois de juin. L’institution a aussi légèrement révisé à la baisse ses attentes pour l’an prochain, passant de 2,3 % à 2,1 %.

Parmi les économies avancées, « les pays exportateurs de matières premières, comme l’Australie et le Canada, continuent d’être confrontés à de forts vents contraires avec la chute du prix de leurs exportations de pétrole, de charbon et des métaux », a expliqué l’institution.

Ces nouvelles prévisions de l’OCDE sont les mêmes que faisait déjà à la mi-juillet la Banque du Canada pour 2015, mais sont légèrement moins optimistes pour 2016. La banque centrale canadienne avait prédit alors une croissance de 1,1 % cette année, de 2,3 % l’an prochain et de 2,6 % en 2017. Depuis, on a eu la confirmation que le pays a connu deux trimestres de croissance négative consécutifs en début d’année, ce qui correspond à la définition technique d’une récession la plus communément utilisée par les économistes. D’autres indicateurs notamment sur l’emploi, les exportations et la production manufacturière ont semblé indiquer qu’un rebond serait en cours.

Campagne électorale

 

La mise à jour des prévisions de l’OCDE arrive en pleine campagne électorale fédérale où, comme toujours, l’état de l’économie est un enjeu important, et à la veille du deuxième débat des chefs des principaux partis qui doit justement porter sur cette question.

Le document de seulement huit pages de l’organisme international basé à Paris n’avait rien de plus à dire sur le cas particulier du Canada. Il affirme cependant que les gouvernements des pays développés aux prises avec une croissance en berne et disposant encore d’un peu de marge de manoeuvre financière ne devraient pas hésiter à « maintenir des politiques monétaires et budgétaires qui aident la reprise économique à gagner de la vigueur ». On reprend ainsi une recommandation souvent entendue de la part de l’OCDE, mais aussi du Fonds monétaire international, pressant les gouvernements de profiter de la faiblesse des taux d’intérêt pour investir dans leurs infrastructures économiques.

Message à la Fed

Intitulée : « Énigmes et incertitudes », la mise à jour économique de l’OCDE fait état d’un « modeste affaiblissement » de la croissance mondiale découlant d’une « reprise solide » aux États-Unis (croissance de 2,4 % en 2015), d’une amélioration « moins rapide qu’espérée » dans la zone euro (1,6 %), des résultats « inconstants » au Japon (0,6 %), et d’une « dégradation » de la situation dans « plusieurs économies émergentes »,dont la Chine (6,7 %), où les « indicateurs envoient des signaux contradictoires », et le Brésil (-2,8 %), en pleine dégringolade économique.

Globalement, l’OCDE s’attend désormais à une croissance de 3 % cette année, comparativement à 3,1 % en juin.

Ses attentes à l’égard des États-Unis ont augmenté depuis le mois de juin (2,4 % en 2015 plutôt que 2 %). L’amélioration de la production et de l’emploi y « justifie » désormais, selon elle, le début du relèvement des taux d’intérêt, « mais à un rythme très graduel ». Sujet d’âpres débats à travers le monde, parce que l’on craint que le relèvement du loyer de l’argent aux États-Unis assèche financièrement les pays en développement, la question sera de nouveau à l’avant-scène, ce jeudi, alors que la Réserve fédérale américaine doit faire le point sur la question. Peu importe le moment où commencera le relèvement des taux, estime l’OCDE, il ne devrait pas faire trop de dommages si la trajectoire est claire pour tout le monde et s’il ne va pas trop vite. Trop vite, ce serait le rythme que semble envisager la Fed à en croire ses projections, soit presque trois points de pourcentage en deux ans. Une bonne vitesse serait le rythme, beaucoup plus lent, que semblent anticiper les marchés.

Principale incertitude qui pèse sur l’économie mondiale et les prix des matières premières, la Chine peut réussir son atterrissage en douceur, estime l’OCDE. Elle peut compter pour ce faire sur d’immenses réserves financières qui seraient mieux utilisées cependant, non pas pour encore plus de dépenses d’infrastructures, mais pour l’amélioration des politiques sociales raffermissant les assises financières des familles chinoises et stimulant par le fait même leur consommation.

Au-delà de ces prévisions immédiates, l’OCDE a fait part de ses « doutes grandissants quant aux perspectives de croissance à moyen terme aussi bien des pays avancés que ceux en développement compte tenu de la mollesse persistante des investissements et de la faiblesse des gains de productivité ».



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