L’OCDE demande de tenir compte du vieillissement

Le Canada est l’un des nombreux pays à avoir décidé de repousser l’âge de la retraite (de 65 ans à 67 ans d’ici 2029) pour réduire un peu la pression sur son régime public.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Le Canada est l’un des nombreux pays à avoir décidé de repousser l’âge de la retraite (de 65 ans à 67 ans d’ici 2029) pour réduire un peu la pression sur son régime public.

Le problème des retraites n’a pas fini de nous (pré)occuper, prévient l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et pour bien y répondre il faudra suivre de très près l’évolution constante de l’espérance de vie, y compris en fonction des différences entre classes sociales.

Les régimes publics et les caisses privées de retraite, qui ne tiennent pas compte des progrès constants en matière de mortalité et d’espérance de vie dans les pays développés, pourraient déjà être, sans le savoir, aux prises avec un manque à gagner « largement supérieur à 10 % » de leurs futurs engagements, estime l’OCDE dans un Panorama des retraites dévoilé lundi.

« Le fait que les gens vivent plus longtemps et plus en santé est fondamentalement une bonne nouvelle, mais le vieillissement de la population remet aussi en cause la solidité, la solvabilité et l’adéquation des systèmes de retraite », notent d’entrée de jeu ses auteurs. L’arrivée à l’âge de la retraite de la masse des baby-boomers posait déjà un sérieux défi avant que « la lenteur de la croissance, le bas niveau des taux d’intérêt et la faiblesse des rendements des placements liés à la léthargie de l’économie mondiale » ne viennent aggraver les choses, poursuivent-ils. La Grande Récession « a incité la plupart des pays à accélérer les réformes destinées à améliorer la viabilité financière de leurs systèmes de retraite ».

Pas tous égaux

 

Les experts de l’OCDE voudraient, entre autres choses, que la réglementation force les acteurs publics et privés à mieux tenir compte, dans leurs calculs actuariels, de l’évolution constante de la situation et des perspectives démographiques.

Ils rappellent notamment que l’espérance de vie n’est pas la même entre les différents groupes sociaux. Déjà, il y a 20 ou 30 ans, les cadres français, les cols blancs américains et les gestionnaires et professionnels britanniques avaient, à 65 ans, environ deux années d’espérance de vie de plus que leurs compatriotes ouvriers, cols bleus et autres employés manuels. Plutôt que de se réduire, cet écart s’est légèrement creusé depuis.

Le même phénomène a aussi été observé au Canada. Les retraités disposant d’un revenu supérieur à la moyenne peuvent espérer vivre un peu plus longtemps que ceux qui gagnent moins et cet écart tend à s’accroître. Ironiquement, les retraités qui disposent de meilleurs revenus sont aussi susceptibles d’avoir étudié plus longtemps que les autres et avoir donc eu moins d’années pour contribuer aux différents régimes publics et privés de retraite.

Repousser l’âge de la retraite des régimes publics peut paraître une solution simple et logique au problème posé par l’allongement de l’espérance de vie, convient le rapport de l’OCDE. « Le lien entre ces deux facteurs doit toutefois être considéré avec beaucoup de prudence, compte tenu du fait que le taux de mortalité et l’espérance de vie varient en fonction du statut socio-économique. Une solution alternative pourrait être de lier le nombre d’années de contribution [aux régimes publics de retraite] à l’espérance de vie de façon à maintenir un certain ratio de nombre d’années à la retraite et d’années de contribution. »

Réformes au pas de course

 

Le Canada est l’un des nombreux pays à avoir décidé de repousser l’âge de la retraite (de 65 ans à 67 ans d’ici 2029) pour réduire un peu la pression sur son régime public, constate l’OCDE. Les exemples canadien et québécois sont aussi cités pour leur relèvement des cotisations au régime public de retraite et leur encouragement à l’épargne des particuliers par l’entremise d’un nouveau « régime volontaire d’épargne-retraite ».

L’OCDE voudrait aussi que les gouvernements adoptent des lois aidant à la création de nouveaux produits financiers sûrs et transparents permettant aux caisses de retraite, aux assureurs et autres acteurs du marché de renforcer leurs assises face au choc démographique. Un autre défi, dit son rapport, consistera à rassurer les jeunes générations afin qu’elles aient confiance que les systèmes de retraite ne les trahiront pas lorsqu’elles en auront besoin à leur tour.

« Il est encourageant d’observer les progrès accomplis ces dernières années pour améliorer la viabilité et l’adéquation des systèmes de retraite », a déclaré le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría. « Néanmoins, les évolutions démographiques rapides qui sont en cours et le ralentissement de l’économie mondiale soulignent la nécessité de poursuivre les réformes. »

 

À voir en vidéo