Montréal, un atout pour les régions

Montréal joue le rôle de locomotive économique au Québec, mais au chapitre de la croissance, de l’emploi et de la diplomation, sa performance est peu enviable quand on la compare à d’autres villes canadiennes, révèle une étude de l’Institut du Québec.
« Quand Montréal s’enrichit, le Québec des régions s’enrichit. Donc, il faut que le gouvernement du Québec fasse de Montréal sa priorité », a résumé le président de l’Institut, Raymond Bachand, en dévoilant les résultats de l’étude intitulée Montréal : boulet ou locomotive ?.
Les analyses du PIB par habitant à Montréal et en région ont permis à l’Institut du Québec de mesurer l’« effet locomotive » de la métropole à l’égard de l’économie du reste de la province. Au Canada, seule Calgary détient un pouvoir plus important sur ses régions. Montréal surpasse donc Toronto, Vancouver et Québec à ce chapitre.
« Il faut convaincre les gens de Rimouski, de Sept-Îles et de Drummondville que, s’il y a un investissement qui est fait à Montréal, il faut que tout le monde soit content parce qu’ils seront plus riches demain, dans leur région », avance M. Bachand.
Sous-performances
Mais sur bien d’autres plans, Montréal n’a pas de quoi se vanter. Ainsi, le taux de croissance de Montréal s’est limité à 1,5 % par année en moyenne au cours de la dernière décennie, ce qui la place bonne dernière parmi les principales villes canadiennes. À ce chapitre, Edmonton se classe première avec un taux dépassant 4,2 %, suivie de Calgary à 3,5 %.
En matière d’emploi, la région métropolitaine Montréal affiche le deuxième taux de chômage, soit 8,1 %, derrière la région de Toronto (8,2 %) alors que le taux à Edmonton, Calgary et Québec se maintient en deçà de 5 %. Montréal fait également piètre figure quant au taux de diplomation avec son 6e rang derrière Halifax.
Montréal a perdu des plumes au rayon des sièges sociaux. Entre 1999 et 2012, le nombre de sièges sociaux a fondu, passant de 131 à 94, soit 37 de moins. Parmi les grandes villes, seule Toronto a un bilan négatif avec une perte de 13 sièges sociaux alors qu’ailleurs, les gains les plus importants ont été faits à Calgary (+40), Vancouver (+18) et Edmonton (+9).
Complémentarité
Malgré ce tableau peu reluisant, Raymond Bachand, qui fut ministre du Développement économique de 2006 à 2009, fait valoir que ce résultat devrait être pris en considération par les gouvernements dans leurs décisions. « La sous-performance de Montréal devient une priorité pour l’ensemble du Québec. C’est ça le changement de paradigme qu’il faut faire », a-t-il dit en pressant le gouvernement et la Ville de Montréal de prioriser les investissements à faire et de résister à la tentation de faire du « saupoudrage ».
Pour dévoiler l’étude de l’Institut, Raymond Bachand avait pris soin d’inviter le maire Denis Coderre et le ministre responsable de la Métropole, Robert Poëti, qui ont vanté une nouvelle dynamique politique avec, notamment, l’arrivée d’une nouvelle administration à l’hôtel de ville et la volonté du gouvernement Couillard d’accorder à Montréal un statut de métropole.
Denis Coderre a plaidé qu’il ne fallait pas opposer Montréal aux régions. « Les régions ont besoin de la métropole et la métropole a besoin des régions. Ce n’est pas une confrontation, c’est une complémentarité », a-t-il fait valoir.