Le carbone a un prix

Les émissions de carbone ont déjà des effets sur le climat. Il suffit de penser aux événements météorologiques extrêmes recensés un peu partout sur la planète, comme ici, sur cette photo prise en République tchèque lorsque la rivière Blanice est sortie de son lit à la suite de pluies diluviennes.
Photo: Radek Mica Agence France-Presse Les émissions de carbone ont déjà des effets sur le climat. Il suffit de penser aux événements météorologiques extrêmes recensés un peu partout sur la planète, comme ici, sur cette photo prise en République tchèque lorsque la rivière Blanice est sortie de son lit à la suite de pluies diluviennes.

Le Canada, l’Inde et les États-Unis n’y sont pas, mais l’Alberta, la Chine, le Québec, IKEA, toute l’Union européenne, Rio Tinto et Royal Dutch Shell en font partie. La liste : 73 pays, des centaines d’entreprises et des gouvernements régionaux qui appuient la tarification du carbone comme moyen de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

En prévision du sommet de l’ONU portant sur le climat, qui a lieu aujourd’hui à New York, la Banque Mondiale a publié hier la liste des États, entreprises et investisseurs disposés à collaborer sur des mesures économiques communes pour abaisser les niveaux de pollution.

La tarification du carbone, qui consiste à attribuer un prix aux émissions, peut s’exprimer par la mise en place d’une taxe carbone comme en Colombie-Britannique ou, comme c’est le cas au Québec et en Californie, par la création d’un système de plafonnement et d’échange des droits d’émissions. Celui-ci exige qu’une entreprise qui excède son plafond autorité doive acheter des droits, alors que celle qui ne l’atteint pas peut revendre ses crédits.

« C’est le moment de se réveiller. La tarification du carbone, si elle s’étend à grande échelle et ensuite dans le monde, a le potentiel de réduire les émissions d’une façon telle qu’il en résultera des énergies vertes et une croissance à faible émission de carbone. Elle donnerait aux entreprises la flexibilité nécessaire pour innover et trouver les solutions les plus efficaces », a écrit la Banque Mondiale.

Les signataires, a mentionné la Banque Mondiale, représentent 54 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et 52 % du produit intérieur brut de la planète. La liste comprend une dizaine de villes, dont Bogotá, Rio de Janeiro, Vancouver et Tokyo, de même que des États américains comme la Californie et le Massachusetts.

Le système mis en place au Québec et en Californie repose sur des ventes aux enchères de droits de polluer. Québec, qui vise notamment des raffineries, des papetières, des alumineries et des sociétés chimiques, a récolté environ 108 millions en quatre ventes. Au Québec, le prix minimal d’une unité de carbone (soit une tonne) est actuellement de 11,39 $. Après plusieurs opérations chacun de leur côté, les deux vont organiser une première vente conjointe au mois de novembre.

En Colombie-Britannique, l’implantation d’une taxe carbone remonte à 2008 et a eu pour effet une baisse de certaines autres taxes. Selon le dernier budget, les revenus de la taxe carbone devaient atteindre 1,2 milliard en 2013-2014. L’Ontario réfléchit toujours.

Le recensement comprend également certains groupes industriels de taille majeure, dont le géant indien Tata Steel, le producteur pétrolier norvégien Statoil, Dow Chemical, Unilever, Pfizer, Lego et Lafarge. La liste les met côte à côte avec une trentaine de groupes environnementaux, dont le Sierra Club, Environmental Defense Fund et WWF International.

Des investisseurs

 

Parmi les investisseurs institutionnels figurent le régime californien CalPERS, le groupe financier allemand Allianz, l’assureur Aviva, la Caisse des dépôts et consignations de France, BNP Paribas et Rockefeller Asset Management. Sur le plan local, on dénombre Bâtirente (CSN), Aimia (Aéroplan) et Rio Tinto (qui possède Alcan).

Invité à expliquer l’absence de la Caisse de dépôt et placement du Québec, un porte-parole a indiqué que l’établissement n’a tout simplement « pas été approché ». « Nos pairs du reste du Canada ne sont pas là non plus », a dit Jean-Benoît Houde.

« Quand nous avons commencé à parler avec les gouvernements et les entreprises, il y a eu beaucoup, d’hésitations », a dit lors d’une conférence téléphonique le président de la Banque Mondiale, Jim Yong Kim, cité par l’Agence France-Presse. Les États-Unis ne sont pas dans la liste, mais M. Kim a affirmé que le président américain, Barack Obama, est « très favorable » au plan d’action.

Une quarantaine de pays ont mis en place des systèmes de plafonnement et d’échange ou ont manifesté l’intention de le faire.

À voir en vidéo