Santé et prospérité aux diplômés de l’université

Le fossé ne se creuse pas seulement entre riches et pauvres, mais aussi entre plus scolarisés et moins scolarisés, et ce, tant du point de vue des revenus que du chômage, de la santé et de la place dans la société, rapporte l’OCDE.
Le salaire des diplômés universitaires était, en moyenne, 59 % plus élevé dans les pays développés en 2012 que celui de travailleurs qui n’avaient qu’un diplôme d’études secondaires alors que cette différence était encore de seulement 51 % en 2000, constate l’Organisation de coopération et de développement économiques dans l’édition annuelle de son Rapport sur l’éducation, dévoilé mardi. Les diplômés du secondaire n’ont vu passer, quant à eux, leur avance sur les travailleurs moins scolarisés que de 20 à 24 %.
L’écart relatif entre les adultes « hautement et moyennement qualifiés » a ainsi crû deux fois plus vite et est deux fois plus grand que l’écart de revenu entre les adultes « moyennement et faiblement qualifiés », observe l’OCDE. « Cela signifie qu’en valeur relative, les revenus du travail des adultes moyennement instruits se rapprochent de ceux des adultes peu instruits, ce qui confirme la thèse de “ l’érosion de la classe moyenne ” », a conclu son secrétaire général, Angel Gurría.
Ces écarts s’observent aussi en matière d’accès aux emplois. Le taux de chômage moyen des diplômés universitaires de 25 à 34 ans n’est passé que de 4,6 % à 7,4 %, entre le début de la Grande Récession, en 2008, et 2012, alors que celui des jeunes seulement armés d’un diplôme du secondaire est passé de 13,6 % à 19,8 %. « Nos chiffres confirment une nouvelle fois que ce sont les jeunes peu instruits que la crise économique frappe le plus durement », note Angel Gurría.
L’un des rares avantages de la crise économique a été de rendre les études plus attrayantes en comparaison d’un marché du travail en plein tourment, note le volumineux rapport de l’OCDE.
Autre bonne nouvelle, signale son secrétaire général, les pays développés ont poursuivi leur longue marche « d’une époque où seule l’élite était instruite à une ère nouvelle où plus de trois quarts des individus sont diplômés du secondaire ». Aujourd’hui, près de 40 % des jeunes de 25 à 34 ans ont un diplôme universitaire, soit 15 points de pourcentage de plus que dans le groupe des 55 à 64 ans.
Le Canada fait bien
Le Canada trône, à ce chapitre, parmi les meilleurs avec une proportion de 57 % chez les 24 à 34 ans. La proportion de jeunes diplômés universitaires au chômage était également, à 5,5 % en 2012, un peu plus basse que la moyenne de l’OCDE, que celle, d’ailleurs, des jeunes sans diplôme d’études secondaires (15,4 %). L’impact du niveau de qualification sur la rémunération se révèle plus faible aussi, les diplômés universitaires ne gagnant en moyenne que 39 % de plus que les détenteurs d’un diplôme du secondaire, et ces derniers ne gagnant, eux-mêmes, que 13 % de plus que les travailleurs moins instruits qu’eux. Le Canada fait relativement bien également en matière de compétences en mathématiques et en littératie.
Une question de cohésion sociale
Les progrès en matière de formation et de compétences ne sont pas seulement importants en matière de revenus ou de perspectives d’embauche, rappelle le secrétaire général de l’OCDE. « Le pourcentage d’adultes qui s’estiment en bonne santé varie, par exemple, de 23 points de pourcentage selon qu’ils sont peu instruits ou très instruits. La confiance interpersonnelle, le bénévolat et la conviction qu’un individu a son mot à dire sur la politique sont autant d’aspects qui sont en étroite corrélation avec le niveau de formation. Les sociétés où le pourcentage d’individus peu compétents est élevé risquent donc d’assister à une détérioration de la cohésion sociale et du bien-être. »
Malheureusement, le niveau de qualification continue d’être fortement déterminé par le parcours des parents. Ainsi, si 43 % des jeunes de 25 à 34 ans détiennent désormais un diplôme postsecondaire, cette proportion grimpe à 65 % si au moins l’un des deux parents a passé le même cap, et dégringole à 23 % si aucun parent n’a au moins un diplôme d’études secondaires. Conséquence probablement inévitable de l’augmentation générale du niveau de formation, la proportion de personnes moins diplômées que leurs parents est même en (modeste) hausse, s’établissant à 9 % chez les 55 à 64 ans, à 12 % chez les 35 à 44 ans et à 16 % chez les 25 à 34 ans.
« L’éducation peut permettre de sortir de la pauvreté et de l’exclusion sociale, mais pour cela, nous devons briser le lien entre les origines sociales et la possibilité d’étudier, dit Angel Gurría. Le plus grand danger pour la croissance inclusive est que la mobilité sociale soit stoppée. Il est essentiel d’élargir l’accès à l’éducation pour tous et de continuer à améliorer les compétences afin d’obtenir une prospérité durable et une plus grande cohésion sociale. »