Murdoch est toujours à l’assaut de Time Warner

Rupert Murdoch, magnat de la presse anglo-saxonne
Photo: Jason Reed Associated Press Rupert Murdoch, magnat de la presse anglo-saxonne

Malgré la fin de non-recevoir de Time Warner à son offre de rachat, Rupert Murdoch prépare la suite. Le magnat l’a fait savoir, il n’a pas l’intention d’abandonner la partie et continue d’avancer ses pions.

 

Vendredi la société 21st Century Fox, qui regroupe les avoirs audiovisuels de Murdoch, a annoncé la vente de ses participations dans Sky Deutschland (57 %) et Sky Italia (100 %) au bouquet par satellite britannique BSkyB — dont la Fox est actionnaire à 39 % — pour 4,9 milliards de livres (9 milliards $CAN). En début de semaine, elle avait cédé à Liberty Global sa participation de 6,4 % dans la chaîne commerciale britannique ITV.

 

De quoi dégager de la trésorerie pour mieux avaler Time Warner. Depuis que Rupert Murdoch a déclaré ses intentions, la maison mère de HBO ou CNN affûte sa défense. Mais le milliardaire américain a désormais de quoi relever son offre.

 

En attendant, la vente de Sky Deutschland et Sky Italia voit émerger un géant européen de la télévision payante fort de 20 millions d’abonnés. « La création de cet ensemble doit améliorer le positionnement concurrentiel dans le secteur de la télévision payante grâce à l’offre de toute la gamme des services sur trois marchés importants, Royaume-Uni, Allemagne et Italie », souligne Guy Bisson, analyste médias du consultant IHS.

 

Investisseurs sceptiques

 

Par ailleurs, les experts applaudissent les synergies potentielles dans l’achat de programmes et dans les technologies de pointe, ainsi qu’une baisse des coûts opérationnels. Enfin, ces trois pays devraient servir de tremplin à l’expansion dans d’autres zones, à l’est et au sud de l’Europe ainsi qu’en Scandinavie.

 

Cerise sur le gâteau, Rupert Murdoch n’est pas fâché de mettre dans l’embarras par cette transaction ses principaux concurrents dans la bataille des droits télévisés sportifs. C’est particulièrement le cas de la retransmission des matchs de football, premier produit d’appel de la télévision payante, où les rivaux Mediaset, BT ou Deutsche Telekom ne cessent de tailler des croupières à Sky Sports.

 

Reste que le rachat par BSkyB des parts de 21st Century Fox dans les deux bouquets est loin de faire l’unanimité à la City.

 

Le nouveau groupe laisse sceptiques bon nombre d’investisseurs qui auraient préféré un prix plus bas. Si Sky Deutschland est rentable, Sky Italia est à la traîne en raison des difficultés économiques de la Péninsule. Et le futur groupe reste dominé par le pôle britannique qui représentera 57 % des abonnés, 68 % des revenus et 90 % des bénéfices.

 

21st Century Fox s’est engagé à ne pas augmenter sa part dans BSkyB, qui en fait l’actionnaire de référence.

 

En 2011, Rupert Murdoch avait dû abandonner sa tentative de contrôle de l’ensemble de BSkyB en raison du scandale des écoutes clandestines du tabloïd britannique News of the World. Son fils cadet, James Murdoch, ex-directeur général de BSkyB, pourrait diriger le nouveau groupe paneuropéen.

 

Offre de Murdoch déclinée

 

Le 16 juillet dernier 21st Century Fox confirmait avoir fait en juin une offre ferme de fusion à Time Warner. « Le conseil d’administration de Time Warner a refusé notre proposition. Nous ne sommes pas actuellement en discussions », ajoutait le bref communiqué de Fox, sans donner de détails financiers.

 

Un an après la scission de son empire médiatique, le magnat Rupert Murdoch semble décidé à créer un nouveau mastodonte de la télévision et du cinéma en mariant ses chaînes et ses studios au groupe américain Time Warner. Time Warner évoquait dans un communiqué séparé une proposition à 32,42 $US en numéraire et 1,531 action Fox de classe A (sans droit de vote) pour chacun de ses titres, soit un peu plus de 76 milliards de dollars au cours de clôture de mardi soir.

 

Une source proche du dossier parlait même d’une valorisation d’environ 80 milliards au moment où l’offre a été faite, et assurait que Rupert Murdoch est « déterminé » à conclure l’opération.

 

Time Warner rétorquait que « l’exécution de son plan stratégique créera beaucoup plus de valeur […] et sera supérieure à toute proposition que 21st Century Fox est en mesure de faire ».

 

Il évoquait aussi « des risques considérables sur les plans stratégique, opérationnel et du côté des régulateurs », et mettait en doute « la capacité de 21st Century Fox à diriger et gérer une entité de la taille et de l’échelle » du nouvel ensemble.

 

Outre leurs nombreuses chaînes (HBO, CNN, TBS ou encore TNT chez Time Warner, les bouquets Fox et Sky côté Murdoch), les deux groupes ont chacun leurs studios de cinéma (Warner Bros. et 20th Century Fox).

 

Ils affichent un chiffre d’affaires cumulé de 57,5 milliards selon leurs derniers comptes annuels publiés, et environ 150 milliards de valorisation boursière à eux deux.

 

Avec l’Agence France-Presse

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