La dégringolade des ventes se confirme

Le prix moyen d’un film sur support matériel était de 14,91 $ en 2009, contre 12,97 $ quatre ans plus tard. On est loin des 17,11 $ enregistrés en 2004.
Photo: François Pesant Le Devoir Le prix moyen d’un film sur support matériel était de 14,91 $ en 2009, contre 12,97 $ quatre ans plus tard. On est loin des 17,11 $ enregistrés en 2004.

Le phénomène est observable depuis plusieurs années, mais les chiffres mis à jour vendredi par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) le confirment : la vente de DVD dégringole au Québec depuis 2009, vraisemblablement au profit de l’offre numérique. Et pendant que les habitudes des consommateurs évoluent, l’offre de films sur demande explose.

 

Entre 2009 et 2013, le nombre de copies DVD, Blu-ray — ou VHS — vendues dans la province est passé de 11,6 à 9,2 millions. Le montant des ventes a suivi une tendance semblable, de 173,5 millions de dollars en 2009, à 119,6 millions en 2013.

 

Aux prises avec cette nouvelle réalité du marché, les détaillants ont visiblement tenté d’allécher les clients. Le prix moyen d’un film sur support matériel était de 14,91 $ en 2009, contre 12,97 $ quatre ans plus tard. On est loin des 17,11 $ enregistrés en 2004.

 

En fait, au cours des dix dernières années, le montant des ventes, le nombre d’unités vendues et le prix moyen des films n’ont jamais été aussi bas qu’en 2013. Les données rendues publiques par l’ISQ et compilées par l’entreprise Nielsen VideoScan excluent toutefois le marché des films pour adultes et les spectacles musicaux offerts sur DVD.

 

« Ce n’est pas relié à quelques facteurs qui vont changer dans les prochaines années, affirme Claude Fortier, spécialiste des secteurs du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia à l’ISQ. Je pense que c’est une tendance de fond du comportement du consommateur, qui n’a plus l’habitude d’aller acheter un produit physique. Maintenant, il se tourne vers un produit numérique ou dépense son argent différemment. »

 

Les chiffres détaillant la provenance des copies vendues démontrent par ailleurs que la dématérialisation des contenus donne un dur coup au cinéma québécois. À preuve, quelque 426 000 DVD de films d’ici ont été vendus en 2013, environ deux fois moins qu’en 2008.

 

À la carte ou en ligne

 

M. Fortier explique que le DVD connaît aujourd’hui le même sort que celui subi par le CD il y a quelques années. Par contre, l’institut québécois de la statistique n’est pas en mesure de déterminer si la diminution des ventes de DVD est compensée par l’achat de films sous forme numérique. Chose certaine, le marché de la vidéo sur demande connaît un essor fulgurant. Les données mises en ligne depuis 2012 par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) montrent que le nombre de films offerts par les différents fournisseurs de services télé a carrément explosé en l’espace d’une année.

 

À titre d’exemple, Bell permettait à ses clients de visionner près de 1500 longs métrages en 2012, une offre multipliée par trois l’année suivante. Au cours de la même période, Cogeco a multiplié son nombre de films par deux, pour un total de 2700, tandis que Vidéotron a ajouté près de 1000 longs métrages aux quelque 3500 offerts en 2012.

 

Et la demande est là. Le nombre total de commandes effectuées chez Bell en incluant à la fois les titres payants, offerts gratuitement ou par abonnement a atteint plus de 21,4 millions en 2013, contre 1,3 million un an plus tôt.

 

« Je pense que les habitudes changent parce que c’est beaucoup plus facile de consommer le contenu. À l’époque où il fallait aller au club vidéo, notre niveau de fatigue pouvait influencer notre décision d’y aller ou pas, mais maintenant qu’on peut se diriger vers notre téléviseur et regarder le contenu qu’on veut, c’est beaucoup plus facile », souligne Nicolas Poitras, vice-président des services résidentiels chez Bell.

 

Il constate que le traditionnel rendez-vous du samedi soir devant le téléviseur, en couple ou en famille, n’a pas disparu, mais que les moments de grande écoute sont plus dispersés dans la semaine.

 

Le film numérique commandé auprès des grandes compagnies canadiennes a donc la cote, mais il ne s’agit pas de la seule option de rechange, loin de là. Dans l’abondance de l’offre en ligne, légale ou non, le service américain de vidéo sur demande Netflix, lancé en 2010 au Canada, a confirmé lundi son statut de géant en franchissant la barre symbolique des 50 millions d’abonnés à travers le monde. L’entreprise a du même coup annoncé que sa plateforme sera offerte dans six nouveaux pays européens dès septembre : l’Allemagne, la France, l’Autriche, la Suisse, la Belgique et le Luxembourg.

 

Au deuxième trimestre de 2014, elle a enregistré un bénéfice net de 71 millions, plus que le double du montant dégagé 12 mois auparavant.

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