Les impacts environnementaux doivent être pris en compte dans le prix du pétrole canadien, dit Lagarde

Christine Lagarde, directrice du FMI
Photo: Annik MH de Carufel - Le Devoir Christine Lagarde, directrice du FMI

Le Canada doit trouver sans plus attendre une façon d’intégrer dans le prix de son pétrole ses impacts environnementaux, estime la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde.

 

« Un grand nombre de facteurs peuvent être déterminés en économie grâce à une règle très simple : celle du prix véritable. Le libre marché, oui. Mais au vrai prix », a-t-elle déclaré, lundi, au premier jour de la Conférence de Montréal. « Que ce soit la quantité d’eau utilisée, les gaz à effet de serre émis, la pollution de l’air produite, ou d’autres effets indirects, comme l’augmentation de la congestion routière, toutes ces externalités doivent être prises en compte pour déterminer le prix. »

 

Le Canada n’a pas besoin, pour cela, d’attendre la conclusion d’une entente dans les forums internationaux sur les changements climatiques, a-t-elle fait valoir. La Colombie-Britannique a d’ailleurs déjà adopté une taxe sur le carbone qui semble bien fonctionner. Il pourrait aussi y avoir d’autres façons de procéder, comme la bourse du carbone que le Québec est en train de mettre en place avec la Californie.

 

La poursuite d’un développement économique plus respectueux de l’environnement fera partie des nouveaux impératifs que devront désormais prendre en compte les gouvernements, au même titre qu’un meilleur partage des fruits de la croissance, a fait valoir l’ancienne ministre française de l’Économie. « Après cette crise financière et économique redoutable et douloureuse que nous avons subie depuis 2007, très clairement, le paysage économique a changé, les ressorts de la croissance sont différents et nous sommes tous, peu ou prou, pays avancés, pays émergents, pays en développement en train de réinventer les méthodes de la croissance », a-t-elle plaidé quelques minutes après avoir reçu un doctorat honorifique de l’Université de Montréal.

 

« Comment ferons-nous pour que cette croissance soit plus forte, plus solide, mieux ancrée dans les fondamentaux ? Comment ferons-nous pour qu’elle soit plus inclusive, mieux partagée ? »

 

Chaque pays a ses propres défis et devra trouver les solutions qui conviennent le mieux à sa réalité. Dans le cas du Canada, il est certain qu’il voudra profiter de ses importantes ressources énergétiques, a-t-elle observé. Outre une meilleure prise en compte de l’environnement, il faudrait, entre autres choses, qu’il recherche un meilleur partage de leurs retombées économiques en favorisant, par exemple, la mobilité et le commerce interprovinciaux. Le Canada aurait aussi tout intérêt, selon elle, à assouplir ses règles sur les investisseurs étrangers afin que ces derniers puissent mieux l’aider à construire les infrastructures de transport nécessaires pour trouver de nouveaux débouchés à l’exportation.

  

La catastrophe évitée

 

Placée sur le thème général de la recherche des fondements de la prochaine ère de croissance, la Conférence de Montréal a porté d’entrée de jeu sur le rôle central des pouvoirs publics. L’ancien président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet en a d’abord profité pour rappeler l’ampleur du drame qui s’est joué lors de la dernière crise financière, mais surtout qui se serait joué, n’eussent été les « mesures extrêmement audacieuses et rapides » prises par les banques centrales, les gouvernements et des institutions privées.

 

« J’ai vécu cette crise de l’intérieur depuis le début, et je crois que l’on ne se rend pas compte, de l’extérieur, à quel point, nous avons été proches d’une terrible catastrophe. »

 

Si l’économie américaine semble reprendre du poil de la bête aujourd’hui, c’est principalement grâce aux politiques monétaires ultra-accommodantes de la Réserve fédérale, a déclaré l’ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton, Larry Summers. Il serait grandement temps, maintenant, que les gouvernements et les investisseurs privés prennent la relève. « La démocratie américaine doit montrer qu’elle est capable de produire des résultats », a-t-il asséné non sans souligner qu’elle est tout de même parvenue à amorcer un virage majeur vers l’autosuffisance énergétique, à adopter la plus importante réforme du système financier depuis la Grande Dépression ainsi qu’à finalement mettre en place le premier programme d’assurance maladie universel aux États-Unis.

  

Chef demandé

 

« Il n’y a pas que les pays en voie de développement qui ont besoin de procéder à des réformes économiques majeures. Tous le doivent, y compris les pays riches », a constaté l’ancien premier ministre du Pakistan Shaukat Aziz. « Et le plus grand obstacle que je vois à ce chapitre est le manque de leadership. Au sein des pays, aussi bien qu’entre eux. »

 

 

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