Québecor recule avec le départ de Robert Dépatie

Un an après avoir accédé aux plus hautes fonctions chez Québecor, Robert Dépatie annonçait lundi qu’il prenait sa retraite.
Photo: - Archives Le Devoir Un an après avoir accédé aux plus hautes fonctions chez Québecor, Robert Dépatie annonçait lundi qu’il prenait sa retraite.
Les marchés boursiers ont réagi avec réserve à l’annonce-surprise du départ à la retraite de Robert Dépatie. L’action de Québecor a reculé de 2 % mardi, dans un marché sinon haussier.

L’annonce a été faite après la fermeture des marchés lundi. La réaction est venue mardi, l’action classe B de Québecor perdant 62 ¢, ou 2 %, à 26 $, alors que l’indice représentatif du marché, le S&P/TSX, empruntait le chemin inverse.

Un an après avoir accédé aux plus hautes fonctions chez Québecor, Robert Dépatie annonçait lundi qu’il prenait sa retraite, l’homme dans la mi-cinquantaine évoquant des raisons de santé. Il sera remplacé dans ses fonctions de président et chef de la direction de Québecor et de Québecor Média par Pierre Dion, actuellement président et chef de la direction du Groupe TVA. M. Dion assure l’intérim à la tête de TVA le temps qu’un successeur lui soit trouvé. Le poste de chef de la direction de Vidéotron, également occupé par M. Dépatie, sera aussi à pourvoir.

Encore sous l’effet de la surprise, les analystes retenaient hier que le départ de M. Dépatie laisserait un vide d’expertise au sein de Québecor. Cela ne l’a pas empêché d’accueillir favorablement l’arrivée de M. Dion. En justification de sa décision, Québecor soulignait à larges traits lundi que Pierre Dion était membre du Comité de direction de Québecor Média depuis 2004 et qu’il a été « au cœur de toutes les décisions stratégiques de l’entreprise au cours des dix dernières années, notamment en ce qui a trait au déploiement du service mobile de Vidéotron ».

Mardi, Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins, écrivait que « M. Dion semble avoir les qualités nécessaires pour diriger Québecor […] mais [qu’]il n’a pas la même expérience que M. Dépatie dans le secteur des télécommunications ainsi que de la câblodistribution ». Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, soutenait que M. Dépatie va « manquer » à l’entreprise, tout en soulignant que la feuille de route de M. Dion est bien garnie. Pour sa part, Tim Casey, de BMO Marchés des capitaux, jouait la carte de la continuité. Il retenait que le chef de la direction financière, Jean-François Pruneau, demeure en place, ce qui devrait procurer de la stabilité alors que M. Dépatie épaulera son successeur dans le transfert des dossiers jusqu’au 30 mai prochain.

Vraie raison

Au moment de la passation des pouvoirs entre Pierre Karl Péladeau et Robert Dépatie, l’an dernier, des observateurs voyaient M. Dépatie comme celui qui pouvait le mieux négocier le virage « communication » de Québecor. Une opération plutôt serrée et de tous les défis, notamment face à un concurrent (Bell) particulièrement dynamique. Ils avaient alors laissé entendre que l’ingérence et l’omniprésence de Pierre Karl Péladeau dans le quotidien des uns et des autres en indisposaient plusieurs, au risque de voir des éléments stratégiques (lire : M. Dépatie) partir pour la concurrence (lire : pour Rogers Communications).

Cette allusion d’ingérence a refait surface lundi. Sous la présidence de M. Dépatie, Québecor a mis un terme à la guerre des hebdos au Québec en cédant ses journaux régionaux et ses activités porte-à-porte à TC Media. Il était connu qu’il voulait aller plus loin et vendre d’autres médias, regroupés sous Sun Media, aux prises avec des revenus en déclin. Mais selon une source bien informée, qui n’accorde qu’une probabilité de 15 % à la thèse reliant le départ de M. Dépatie à une dissension avec l’actionnaire de contrôle, Pierre Karl Péladeau aurait indiqué qu’il ne voulait plus se départir de contenu, qu’il fallait plutôt aller chercher des revenus avec les produits existants.

« Reconnu comme l’un des plus grands experts canadiens de l’industrie des médias, Pierre Dion est l’un des principaux architectes de la stratégie de convergence des contenus sur l’ensemble de nos plateformes de diffusion, permettant ainsi de mettre en valeur nos actifs de télécommunication », a mis en exergue Québecor dans son communiqué lundi.

L’analyste Adam Shine rappelle aussi que M. Dion a joué un rôle important dans l’obtention — avec Rogers — des droits de diffusion des matchs de la Ligue nationale de hockey pour une période de 12 ans à compter de la saison 2014-2015.


Avec La Presse canadienne

À voir en vidéo