Ben Bernanke se défend d'avoir favorisé Wall Street

Toronto — L’ancien président de la Réserve fédérale des États-Unis, Ben Bernanke, affirme que la banque centrale américaine a besoin d’aider le public à comprendre pourquoi elle est intervenue durant la récente crise financière.
Lors d’une allocution prononcée mardi devant le Club économique du Canada, à Toronto, M. Bernanke a indiqué qu’il s’agissait d’un aspect que la Fed aurait pu améliorer durant la crise. L’ex-dirigeant de la Fed a dit croire que les Américains pensaient encore que la banque centrale avait favorisé Wall Street lorsqu’elle est venue en aide au secteur financier.
M. Bernanke a été président de la Réserve fédérale de 2006 jusqu’à l’an dernier. Il a joué un rôle clé dans les mesures qui ont permis aux États-Unis de traverser la crise financière mondiale. Il est aujourd’hui économiste pour le compte de la firme de recherche indépendante Brookings Institution, dont le siège se trouve à Washington.
Janet Yellen est devenue présidente de la Fed en février.
Homme critiqué
Ben Bernanke, un ancien professeur d’économie spécialiste de la Grande Dépression, a été à la tête de la Banque centrale américaine pendant près de huit ans. Projeté sur le devant de la scène par la crise immobilière et financière de 2008, cet homme discret a été à l’époque vigoureusement critiqué pour son action. Il a en effet été accusé de devoir éteindre un feu qu’il avait lui même allumé en favorisant une bulle immobilière qu’il n’avait pas vu venir. Il admet lui-même qu’il a été « lent à reconnaître la crise ».
Il s’est ensuite engagé dans une politique de relance monétaire sans précédent face à un choc exceptionnel, maintenant une politique de taux proche de zéro et injectant des liquidités en masse dans le circuit financier. « Nous avons pris des mesures extraordinaires pour faire face à des défis économiques extraordinaires », a-t-il commenté, rappelant combien les aides aux banques en difficulté avaient été impopulaires.
Il s’est vu surnommer « Ben l’hélicoptère » après un discours prononcé en 2002, aux allures prémonitoires : il y évoquait une théorie de l’économiste Milton Friedman qui décrivait un banquier central arrosant une foule de billets de banque depuis un hélicoptère pour juguler la déflation. Ce spécialiste de la crise des années 30 sera hanté par la volonté de ne pas répéter les erreurs de l’histoire, rappelant que la politique restrictive de la Fed à l’époque n’avait fait qu’accélérer la chute de la production et de l’emploi. « Il faut garder cela à l’esprit lorsqu’on considère les réponses de la Fed à la crise de 2008-2009 », s’est-il défendu.
À ceux qui affirment que sa politique a davantage profité à Wall Street qu’aux ménages américains, il assure avoir, au contraire, amélioré leur situation financière. « La Fed a fait une importante contribution au bien-être de la classe moyenne et des plus pauvres. »
Avec l’Agence France-Presse