Les obligations «vertes» poussent bien dans les banques canadiennes

Lentement mais sûrement, la vague des obligations « vertes » gagne les banques canadiennes. La Banque royale du Canada (RBC) et la Banque de Montréal (BMO) figurent parmi les 25 institutions financières ayant donné leur appui à un ensemble de principes guidant l’émission de telles obligations, dont le cadre de gouvernance a été dévoilé lundi.

 

Le groupe formé de banques d’investissement provenant d’un peu partout à travers le monde a rendu publique une série de dispositions assurant le respect des « Principes sur les obligations vertes ». Ces principes, annoncés en janvier dernier, constituent des lignes directrices volontaires pour uniformiser le traitement et l’élaboration d’obligations consacrées au financement de projets environnementaux.

 

La nouvelle structure de gouvernance prévoit notamment que l’Association internationale des marchés de capitaux s’occupe des tâches administratives et de l’échange d’informations entre les émetteurs d’obligations et les investisseurs.

 

« Pour les investisseurs socialement responsables, le marché des obligations vertes constitue une occasion en or de participer à des projets qui favorisent la durabilité environnementale », a souligné Paul Bélanger, directeur des Marchés de capitaux d’emprunt à la Banque royale lors de la première édition d’un colloque sur les obligations « vertes » organisé par la RBC au début du mois d’avril.

 

Réflexion amorcée

 

La Banque Royale n’a pas encore émis de telles obligations, mais la réflexion est amorcée. « À mesure que s’accroîtra le marché des obligations vertes, RBC continuera d’explorer les façons d’utiliser des produits financiers pour susciter des incidences sociales et environnementales positives », affirme la directrice responsable du développement durable, Sandra Odendahl.

 

En fait, aucune obligation officiellement étiquetée « verte » n’a été émise en dollars canadiens à ce jour. La BMO fait elle aussi partie de la seconde vague d’institutions financières à avoir approuvé les Principes sur les obligations vertes, mais n’a pas matérialisé cet appui pour l’instant.

 

À la fin du mois de mars, la Banque TD a quant à elle émis pour 500 millions de dollars d’« obligations vertes TD », se disant fière « d’être la première banque commerciale du Canada à offrir des obligations consacrées au financement de projets écologiques ».

 

La définition de ces projets demeure toutefois très large et n’a pas été évaluée par une tierce partie, a récemment fait remarquer Sean Kidney, p.-d.g. de la Climate Bonds Initiative.

 

La TD n’a pas formellement appuyé les Principes sur les obligations vertes, mais sa responsable de l’environnement, Karen Clarke-Whistler, avance que « [les normes régissant les Obligations vertes TD] sont conformes aux principes liés aux obligations vertes émis récemment et à d’autres normes environnementales reconnues ». « Il est encore tôt, donc nous allons suivre attentivement l’évolution des principes et des autres lignes directrices », ajoute-t-elle.

 

Les trois banques canadiennes tiennent du moins le même discours : le marché des obligations « vertes » est en plein essor.

 

En progression

 

Les obligations « vertes » sont des titres émis dans le but d’amasser des capitaux qui serviront à financer des projets favorables à l’environnement. Tout comme les obligations classiques, elles présentent un risque de crédit relativement faible et n’exposent donc pas leurs détenteurs aux mêmes incertitudes que l’investissement direct.

 

Pour l’instant, l’émission de ces obligations est davantage l’affaire des institutions financières internationales et des gouvernements. La Banque mondiale a en quelque sorte ouvert le bal en 2008 en procédant à sa première émission d’obligations du genre par l’entremise du groupe bancaire suédois SEB. Depuis, elle a mobilisé plus de 4,5 milliards de dollars par l’entremise de 60 émissions, dans 17 monnaies différentes.

 

Étant donné leur entrée en scène récente, les obligations consacrées au financement de projets environnementaux ne font pas l’objet d’une définition et d’un encadrement unique, qui reste à définir au cours des prochaines années. En incluant toutes les obligations liées de près ou de loin au respect de l’environnement, on évalue la taille du marché à près de 346 milliards de dollars américains.

 

Le p.-d.g. du Groupe investissement responsable, Olivier Gamache, salue la progression du marché des obligations « vertes », mais soulève l’incohérence de certaines institutions qui financent également des entreprises oeuvrant dans l’exploitation du charbon ou des sables bitumineux. « L’impact serait nettement plus grand si, en plus d’offrir des obligations vertes, les banques verdissaient leur financement traditionnel », explique-t-il.

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