Papier commercial - Des titres vendus presque à leur pleine valeur

Six ans après la crise qui a ébranlé des établissements financiers, des entreprises et des centaines d’investisseurs, certains titres nés du papier commercial atteignent 94,3 cents sur le dollar.

 

Une opération complexe organisée par le groupe BlackRock cette semaine a permis de liquider environ 1,5 milliard en obligations, soit 15 % d’un bassin de titres qui ont fait l’objet d’un programme de rachat anticipé le mois dernier.

 

Le papier commercial non bancaire, un créneau de 30 milliards qui a défrayé la chronique en 2007, était en fait composé de titres à court terme qui donnaient un rendement faible mais dont le risque était jugé mince. Il générait ses rendements grâce à des actifs sous-jacents tels que des prêts hypothécaires, des voitures de location et des cartes de crédit.

 

L’opération de liquidation qui vient d’avoir lieu a consisté, en gros, à échanger les titres pour la valeur monétaire de ces actifs sous-jacents. (Dans le marché, la valeur de revente des titres se situait hier à environ 92 cents sur le dollar.)

 

Le créneau s’est momifié d’un seul coup en août 2007 lorsque certains investisseurs ont craint une trop grande exposition au secteur hypothécaire américain, une inquiétude exagérée. Incapables de se départir du papier commercial, ses grands détenteurs ont tout mis en oeuvre pour le convertir en obligations à long terme qui doit venir à échéance en 2017.


Cinq grands investisseurs

 

Environ 20 des 30 milliards reposent entre les mains de cinq grands investisseurs, dont la Caisse de dépôt et placement, la Banque Nationale et le Mouvement Desjardins. C’est l’autre tranche de 10 milliards qui fait l’objet de l’opération de cette semaine.

 

On ignore l’identité des détenteurs qui ont décidé de soumettre leurs obligations au rachat anticipé. « La majeure partie des rachats vient probablement des investisseurs professionnels, tels que des hedge funds », a toutefois indiqué un consultant torontois spécialisé notamment dans le papier commercial, Colin Kilgour, dont les clients détiennent pour environ 375 millions de titres.

 

Les entreprises et établissements canadiens qui en détiennent encore peuvent avoir trouvé le processus plutôt complexe, a-t-il dit. « Au cours des dernières années, les investisseurs canadiens qui voulaient s’en départir pouvaient trouver des acheteurs aux États-Unis dans le monde des fonds de couverture [hedge funds] », selon M. Kilgour. Le problème était davantage du côté des hedge funds, dont les avoirs étaient beaucoup plus importants.

 

La crise du papier commercial a touché 2000 investisseurs, dont 1900 individus et une centaine d’entreprises. Des amendes ont été imposées à plusieurs banques qui ont vendu du papier commercial à l’été 2007 mais omis d’informer leurs clients des problèmes manifestes qui se profilaient.

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