Le Groupe CH achète Spectra

Alain Simard, en conférence de presse aujourd'hui, en compagnie de Geoff Molson du Groupe CH.
Photo: Le Devoir Alain Simard, en conférence de presse aujourd'hui, en compagnie de Geoff Molson du Groupe CH.

Le Groupe CH, dirigé par Geoff Molson, se porte acquéreur du capital-actions l'Équipe Spectra pour une somme qui n'a pas été rendue publique.

L'Équipe Spectra, qui détient le contrat de gestion du Festival international de jazz de Montréal (FIJM), des FrancoFolies et de Montréal en lumière, est également propriétaire, notamment, du Metropolis et de l'agence d'artistes et maison de disques Spectra musique.

L'Équipe Spectra deviendra ainsi, avec evenko, une deuxième filiale de production de spectacles et de gestion de salles pour le Groupe CH, tout en demeurant une entité distincte qui sera toujours dirigée par la même équipe, dont les trois cofondateurs, le président Alain Simard et les vice-présidents André Ménard et Denyse McCann ainsi que le vice-président au développement des affaires, Jacques-André Dupont.

«C'est complètement différent du Groupe CH et d'evenko et ça explique pourquoi nous avons décidé de garder Spectra autonome, de maintenir la culture de Spectra, a expliqué Geoff Molson en conférence de presse, mardi. La façon dont ils travaillent c'est unique et il faut respecter ça et le supporter.»

Les trois festivals, quant à eux, demeureront des organismes à but non lucratif indépendants.

Le meilleur des mondes

M. Simard a expliqué qu'il n'avait jamais pensé à vendre l'entreprise avant d'être approché par Geoff Molson, et ce, malgré plusieurs offres en ce sens.

La direction de l'Équipe Spectra a cependant conclu que, dans un cadre où elle demeurait maître d'oeuvre de ses activités, le Groupe CH, également propriétaire du Canadien, du Centre Bell et du producteur de spectacles evenko, représentait le meilleur des mondes.
«Ensemble, nous représentons une force face à la concurrence internationale. À l'avenir, la capacité et la crédibilité que nous avons et la solidité financière que Spectra n'avait pas, c'est un plus pour tout le monde», a dit M. Simard.

Cette question de solidité financière prend tout son sens lorsqu'on tient compte du fait que deux des trois festivals ont un déficit accumulé. Ainsi, les FrancoFolies ont un déficit accumulé de 800 000 $ et le Festival de jazz d'un peu moins d'un million, des déficits qui sont en voie de résorption, les deux événements ayant encaissé des surplus lors de leurs dernières éditions. De plus, le Festival de jazz traîne une dette de 3,5 millions liée à la rénovation de la Maison du Festival Rio Tinto Alcan, un édifice qui abrite notamment la salle de spectacle l'Astral.

«Il n'y avait aucun péril», s'empresse de préciser Alain Simard qui fait valoir que ces dettes sont inhérentes aux organismes sans but lucratif et que les trois festivals sont en excellente santé financière. Sauf que leur marge de manoeuvre demeurait limitée.

«Ces festivals ont des dettes, on le sait, et ont besoin de quelqu'un qui s'en porte garant à la banque, a-t-il expliqué. Geoff a été très compréhensif là-dessus, de dire: c'est important pour Montréal, on va reprendre ces dettes-là et on a un plan de résorption du déficit et on a un plan de développement des festivals pour les emmener encore plus loin.»

Pérennité

La présence d'un joueur aux reins solides derrière l'Équipe Spectra vient en quelque sorte sécuriser les événements et leurs artisans.

«C'est de s'assurer qu'il va y avoir une pérennité. On a une centaine d'employés, on a des organismes sans but lucratif qu'on a créés, on a beaucoup de succès pour Montréal. On veut s'assurer qu'ils puissent, à travers les années, avoir un avenir en s'alliant à un groupe solide, qui a fait ses preuves», a dit M. Simard.

La transaction survient après deux ans de discussions entre les parties mais le mariage avait déjà commencé à être consommé puisque les partenaires du Groupe CH, en l'occurrence Bell et les Brasseries Molson, ont doublé leurs commandites au sein des trois événements au cours de la dernière année, portant leur contribution à 3 millions.

Alain Simard a aussi beaucoup insisté sur le choix du partenaire dans ce contexte. «Nous avons été approchés par des gros joueurs internationaux. Nous avons vraiment choisi de vendre à une compagnie montréalaise qui est là depuis 227 ans et qui est là pour y rester.»

Geoff Molson, pour sa part, s'il avoue candidement ne pas être un fin connaisseur de jazz («j'ai beaucoup à apprendre dans le domaine du jazz», a-t-il dit en riant) est très conscient de la valeur de ce festival et des autres pour la métropole. «Ils amènent beaucoup à Montréal.»

Il est aussi très conscient que les deux filiales de production sont complémentaires et ne gagneraient rien d'une fusion. «Ce n'est pas la même culture du tout. Nous avons des expertises au Groupe CH, evenko et le Canadien, qui peuvent apporter beaucoup au Groupe Spectra et vice-versa; le groupe Spectra peut nous apporter beaucoup d'expertise que nous n'avons pas», a-t-il dit.

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