Papier commercial - Les détenteurs canadiens pourront se départir des obligations fin octobre
Environ le tiers des obligations issues du célèbre papier commercial canadien, soit 10 milliards, sera bientôt admissible à un programme de rachat anticipé qui devance de quatre ans la date de maturité prévue en 2017.
Au terme de négociations qui ont pris près de trois ans, un processus a été formellement adopté et mis en place en vue d’un démarrage qui aura lieu vers le 31 octobre prochain.
Selon un spécialiste torontois qui a conseillé plusieurs détenteurs québécois de papier commercial lorsque ce type d’investissement a connu ses problèmes en 2007, les 10 milliards sont détenus par des fonds de couverture américains (hedge funds) et des investisseurs initiaux.
« Il s’agit d’environ 150 investisseurs », a dit Colin Kilgour, selon lequel il ne reste à peu près plus d’investisseurs individuels. Les clients de la firme de M. Kilgour en détiennent environ 350 millions.
Le papier commercial non bancaire adossé à des créances reposait sur des actifs sous-jacents composés de prêts hypothécaires, de voitures de location, de cartes de crédit, etc. Le créneau dans son ensemble était de 30 à 35 milliards environ et ses rendements, faibles, dépassaient quand même ceux des bons du Trésor.
L’origine de la crise
En 2007, certains grands investisseurs ont craint que le papier commercial soit trop exposé au secteur hypothécaire américain, une inquiétude qui s’est avérée exagérée. Mais du jour au lendemain, le créneau s’est figé et les investisseurs, petits et grands, étaient incapables de s’en départir. En 2009, il a été converti en obligations expirant en 2017.
L’annonce du rachat porte sur les billets de type MAV2, alors que les MAV1, qui s’élevaient à l’origine à 20 milliards, sont entre les mains de cinq grands investisseurs, dont la Caisse de dépôt et placement, Investissements PSP, le Mouvement Desjardins et la Banque Nationale.
D’ici là, quiconque voulait se débarrasser de son papier commercial devait aller dans le marché gris, qui offre ces jours-ci environ 90 ¢ sur le dollar.
« Les hedge funds ont constaté il y a quelques années que les actifs sous-jacents avaient une valeur supérieure à celle des billets qui faisaient l’objet de négociations sur le marché. Il y avait un écart, parce qu’il n’y avait pas assez de liquidité pour les billets », a dit M. Kilgour.
« Les hedge funds, qui détiennent environ 1 milliard et qui étaient les seuls acheteurs, vont en profiter pour liquider leurs positions, a-t-il ajouté. Pour les autres, le processus va créer de la liquidité infinie. Certains vont se dire que c’est mieux de prendre 90 ¢ sur le dollar plutôt que d’attendre 2017 pour avoir la valeur nominale. Entre-temps, ils peuvent faire autre chose avec cet argent. »
Sur les 32 milliards qui composaient le créneau du papier commercial non bancaire, la Caisse de dépôt possédait près de 13 milliards. Parmi les autres détenteurs figuraient Transat, Pomerleau, Aéroports de Montréal et Jean Coutu.
En décembre 2009, les autorités réglementaires ont imposé des amendes de 149 millions aux banques et firmes d’investissement qui ont vendu du papier commercial dans les semaines qui ont précédé la crise à l’été 2007. Parmi les payeurs : la Banque Nationale (75 millions), la Banque Scotia (30 millions), la Banque CIBC (22 millions) et la Banque HSBC (10 millions).