Saignée d’emplois au Québec

La publication de données très négatives pour le marché de l’emploi du Québec, qui a perdu 30 400 postes en juillet, a entraîné vendredi une opération de mise en contexte pour tenter de comprendre cette saignée catapultant le taux de chômage de 7,9 % à 8,2%.
L’économie québécoise a pesé lourd dans le portrait de l’ensemble du Canada, dont le mois s’est soldé par la perte de 39 400 emplois et où le taux de chômage a augmenté d’un dixième de point à 7,1 %, selon Statistique Canada.
Le recul de l’emploi au Québec a été principalement ressenti dans les postes à temps plein et chez les 15-24 ans, qui ont vu disparaître près de 19 000 postes par rapport au mois de juin.
D’un mois à l’autre, les données peuvent être volatiles, a nuancé un économiste du Mouvement Desjardins qui préconise l’usage d’une moyenne mobile « afin d’avoir un aperçu plus précis de la tendance du marché du travail ».
Alors que l’économie canadienne a créé en moyenne 10 700 emplois par mois depuis six mois, l’économie du Québec en a perdu 7700 par mois depuis février. Sur la même période, le taux de chômage en sol québécois est passé de 7,1 % à 8,2 %.
« Ces difficultés peuvent en partie être attribuées à la croissance économique un peu plus faible observée dans la province. Cela dit, des éléments perturbateurs temporaires assombrissent sans doute un peu la situation actuelle de l’emploi au Québec », a écrit l’économiste Benoit Durocher, du Mouvement Desjardins.
« Par exemple, le secteur de la santé a perdu 37 800 emplois en juillet seulement. Il s’agit de la plus forte perte d’emplois pour cette industrie depuis 1976, soit le début de ces données statistiques. Un résultat qui est évidemment difficile à expliquer », selon M. Durocher, qui estime probable un « rebond » au cours des prochains mois.
Prenant pour étude une période plus longue, l’Institut de la statistique du Québec a affirmé que sur un an, l’évolution du marché de l’emploi au Québec et pour l’ensemble du Canada ne sont pas si différentes.
« Au cours des douze derniers mois, l’emploi a augmenté de façon similaire au Québec (+ 1,2 %) et au Canada (+ 1,3 %). Ainsi, 45 600 emplois ont été créés au Québec et 225 900 au Canada depuis juillet 2012 », a écrit l’agence gouvernementale dans un communiqué.
La croissance de l’emploi au Québec depuis le milieu de 2012 est due presque entièrement au secteur des services, a noté l’Institut de la statistique du Québec. Les principaux centres d’activité sont le commerce, l’hébergement et la restauration.
Le Parti libéral et la Coalition avenir Québec ont immédiatement pointé du doigt le gouvernement du Parti québécois, qu’ils accusent de mal gérer la situation économique du Québec depuis son élection en septembre 2012.
La croissance du produit intérieur brut s’est élevée à seulement 1 % pour l’ensemble de l’année 2012. Pour 2013, le ministère des Finances prévoit 1,3 %, suivi de 1,8 % en 2014.
En comparaison, l’économie canadienne a connu une croissance de 1,8 % en 2012. Les économistes ayant soumis leurs prévisions au ministère fédéral des Finances pour son budget de mars 2013 s’attendent en moyenne à une croissance du PIB de 1,6 % en 2013 et de 2,5 % en 2014.
Fonction publique
Pour l’économiste en chef de la Banque Nationale, Stéfane Marion, la disparition de 74 000 emplois dans la fonction publique globale n’est pas surprenante compte tenu du fait que ce secteur résistait malgré tout aux efforts des gouvernements visant à contrôler leurs dépenses.
Il y a cependant tout un monde entre cette année et 2012, a rappelé M. Marion en précisant que les emplois de la fonction publique ont représenté l’an dernier 32 % de tous les emplois créés.
Jusqu’ici en 2013, sept des dix provinces rapportent une baisse du niveau d’emplois dans la fonction publique, le recul global se chiffrant à 1,6 %.