Le Bangladesh révisera son code du travail pour conserver ses privilèges commerciaux

Des Bangladais manifestaient ces derniers jours sur les lieux de l’effondrement d’un immeuble au mois de mai dernier pour demander aux entreprises américaines et européennes de signer un accord qui les rendrait légalement responsables de la sécurité de leurs travailleurs.
Photo: Agence France-Presse (photo) Munir Uz Zaman Des Bangladais manifestaient ces derniers jours sur les lieux de l’effondrement d’un immeuble au mois de mai dernier pour demander aux entreprises américaines et européennes de signer un accord qui les rendrait légalement responsables de la sécurité de leurs travailleurs.

Dacca — Le Bangladesh a décidé de revoir sa copie sur la réforme déjà annoncée du code du travail après la décision des États-Unis de supprimer ses privilèges commerciaux, dans la foulée de l’effondrement meurtrier d’un immeuble du secteur textile, ont annoncé mercredi les autorités à Dacca.


Le président américain, Barack Obama, a estimé la semaine dernière qu’au regard de l’échec de Dacca à garantir la protection des droits fondamentaux de ses ouvriers, le Bangladesh perdait ses privilèges inscrits dans un mécanisme d’échanges commerciaux impliquant les pays en développement, et qui portent notamment sur les droits de douane.


Dacca a dénoncé des sanctions «choquantes» en assurant avoir pris des mesures pour renforcer la sécurité depuis l’effondrement du Rana Plaza en avril qui a tué 1129 ouvriers. Des fissures avaient été constatées la veille du drame, mais les ouvriers avaient été priés de revenir travailler.


Nouvelles améliorations


Cette semaine, le gouvernement de la première ministre, Sheikh Hasina, a mis en place une commission pour revoir les lois sur le travail, a annoncé le secrétaire général du gouvernement, Musharraf Hossain Bhuiyan. «La commission va suggérer de nouvelles améliorations au code du travail en prenant en considération les droits du travail, l’investissement, la productivité et les vues des pays importateurs», a-t-il assuré.


Cette commission s’est réunie mardi dans un effort de «révision et d’amélioration» du projet législatif déjà débattu au Parlement, a-t-il ajouté auprès de l’AFP. «Nous examinons les questions liées à la sécurité inscrites dans le code du travail, avec une attention particulière sur la sécurité industrielle et les syndicats», a indiqué le secrétaire au Travail, Mikail Shipar. «Les États-Unis, l’Union européenne et l’Organisation internationale du travail ont exprimé leur inquiétude concernant les questions de sécurité», a-t-il reconnu.


Pilier de l’économie


Le Bangladesh est le deuxième exportateur de vêtements au monde, fournissant notamment des marques occidentales telles que Walmart, Carrefour ou encore H M. Pilier de l’économie, le secteur représentait l’an dernier 80 % des exportations s’élevant à 25 milliards de dollars.


Le gouvernement a approuvé un projet législatif en mai, quelques semaines après l’accident du Rana Plaza, le pire dans l’histoire industrielle du pays. Cet accident a jeté une lumière crue sur les conditions de travail des ouvriers des 4500 usines textiles du pays, dénoncées depuis des années par les ONG. Les réformes visaient notamment à faciliter la création de syndicats dans les usines textiles ainsi que sur le versement de compensations financières aux ouvriers victimes d’accidents.


Selon des militants d’associations de défense des ouvriers, seule une vingtaine d’usines, toutes de taille modeste, ont autorisé la création de syndicats. Lors d’un débat sur les nouvelles mesures législatives, des représentants syndicaux avaient unanimement rejeté les changements proposés en jugeant qu’ils ne garantissaient pas les droits des plus de trois millions d’ouvriers du textile.

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