Bangladesh - Gildan plaide pour le retour de tarifs douaniers

Alors que le fabricant de t-shirts Gildan suggère au gouvernement fédéral de revoir l’exemption des tarifs douaniers sur les produits fabriqués au Bangladesh, l’industrie du commerce de détail n’est pas du tout favorable à cette idée.


Un comité parlementaire à Ottawa s’est penché mardi sur la production de vêtements que des entreprises canadiennes effectuent à l’étranger, un mois après l’effondrement d’un bâtiment en banlieue de la capitale bangladaise dans lequel ont péri plus de 1100 travailleurs.


Ce bâtiment de Savar, à proximité de la ville de Dacca, abritait la fabrication vestimentaire de plusieurs marques connues, dont le groupe torontois Loblaw, qui y produisait ses vêtements de marque Joe Fresh.


« Nous demandons au gouvernement canadien de reconsidérer l’exemption de tarifs douaniers pour le Bangladesh, de manière à faire pression sur les fabricants au Bangladesh pour améliorer les normes de sécurité, les amener à un niveau acceptable et s’assurer que le pays se conforme aux normes internationales du travail », a déclaré le vice-président de Gildan, Peter Iliopoulos.


Fondée à Montréal, Gildan est une spécialiste de t-shirts qui possède des installations en Amérique latine et au Bangladesh, où elle a acheté un bâtiment il y a quelques années dans lequel elle a investi de l’argent pour en améliorer la sécurité.


Même en revoyant l’exemption des tarifs consentie au Bangladesh, le pays demeurerait extrêmement abordable aux entreprises qui souhaitent y brasser des affaires, a dit M. Iliopoulos. Par exemple, a-t-il affirmé, le Bangladesh est déjà le troisième fournisseur vestimentaire des États-Unis - calculé en volume - en dépit du fait que leur relation commerciale ne s’articule autour d’aucune exemption sur les tarifs.


Au cours de la dernière décennie, la place qu’occupe le Bangladesh dans les importations vestimentaires au Canada est passée de 5 à 11 % (de 300 millions à 1 milliard par année). Cela place le pays au deuxième rang, derrière la Chine.


Lorsque le comité parlementaire est passé au prochain intervenant, le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD), il a fallu seulement deux minutes pour que le lobby se prononce contre la proposition de Gildan au sujet d’un retour des tarifs d’importation.


« Ça irait à l’encontre du développement du Bangladesh, a dit la présidente du CCCD, Diane Brisebois. Je ne pense pas qu’on devrait utiliser les tarifs pour donner à un fournisseur un avantage par rapport aux autres pays en voie de développement. »


Selon Mme Brisebois, « il faut faire très attention » lorsqu’on étudie diverses façons visant à impliquer un gouvernement. « Du point de vue du Conseil, on ne croit pas que c’est en appliquant des tarifs. »


Invitée par un des membres du comité à préciser la position de son regroupement, Mme Brisebois a dit qu’un retour des barrières tarifaires se ferait au détriment du travail qui a été entamé dans ce pays.


À la fin du mois d’avril, soit une semaine après l’effondrement à Savar, le CCCD a publié un communiqué pour dire qu’il se ralliait à une coalition nord-américaine travaillant avec le Bangladesh sur un plan d’amélioration des normes de sécurité du travail.

 

Loblaw s’interrogeait


Un vice-président de Loblaw est venu dire que la qualité de ce que produit le Bangladesh est très élevée, ce qui le rend très attrayant compte tenu des salaires.


« Il y a une discussion au sein de notre entreprise qui a débuté avant la tragédie, et à laquelle j’ai participé par la suite, à savoir si nous allions rester au Bangladesh ou non », a dit le vice-président principal aux affaires de l’entreprise et aux communications de Loblaw, Bob Chant.


Après l’accident, Loblaw a envoyé une équipe au Bangladesh et affirmé qu’il fallait prendre des mesures pour éviter qu’une telle chose se répète. La compagnie a aussi annoncé qu’elle allait verser de l’argent aux familles des victimes.

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