Assurer la sécurité alimentaire de la planète

Émilie Corriveau Collaboration spéciale
La Food and Agriculture Organization (FAO) de l’ONU estime à plus d’un milliard le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde.
Photo: Agence France-Presse (photo) Dibyangshu Sarkar La Food and Agriculture Organization (FAO) de l’ONU estime à plus d’un milliard le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde.

Ce texte fait partie du cahier spécial Responsabilité sociale - mai 2013

Le jeudi 23 mai, dans le cadre de l’ouverture de l’Université d’été du Groupe d’économie solidaire du Québec (GESQ), laquelle aura pour thème Transformer l’agroalimentaire pour nourrir la planète, Nora Ourabah Haddad, représentante de la Food and Agriculture Organization (FAO) de l’ONU, présentera une conférence portant sur l’agriculture familiale. 2014 étant l’Année internationale de l’agriculture familiale (AIAF), Mme Ourabah Haddad profitera de l’occasion pour en faire la promotion et rencontrer divers ministères et organismes québécois.


La FAO la définit comme un type d’exploitation incluant toutes les activités agricoles entreprises par la famille et comme un mode d’organisation des productions agricoles et forestières, de la pêche et de l’aquaculture. Mais pour l’organisation internationale, l’agriculture familiale n’est pas qu’une question de taille. À ses yeux, les notions de famille et d’exploitation sont intimement liées, ces entités évoluant de concert et remplissant des fonctions à la fois économiques, environnementales, sociales et culturelles.

 

Autres pays, autres fermes agricoles


« L’agriculture familiale, c’est un concept qui est à la fois très complexe et variable en fonction des pays, note Mme Ourabah Haddad. Une exploitation familiale en Amérique latine n’a pas du tout les mêmes caractéristiques qu’une exploitation familiale en Europe. C’est pour cette raison qu’on s’appuie sur certains principes communs pour la décrire. La caractéristique principale, c’est le fait que la prise de décisions se fait au niveau de la famille. »


Constituant d’après la FAO un pan essentiel des solutions au problème de la sécurité alimentaire, l’organisation se réjouit qu’on consacre enfin une année à l’agriculture familiale. Il faut dire que bien qu’initiée en 2008 par le Forum rural mondial en collaboration avec plus de 350 organisations, ce n’est qu’en décembre 2011 que la proclamation de 2014 comme AIAF a été officialisée. Cela ne se fit pas sans mal, l’Union européenne souhaitant que l’on opte plutôt pour 2016.


« Le thème vient à point nommé, parce qu’il répond à un besoin urgent de l’agriculture de se repositionner, non pas comme une activité qui se limite à la production, mais comme une activité qui répond à plusieurs défis. Le modèle productiviste, qui est assez en vogue, est limitant parce qu’il ne rend pas justice aux nombreuses fonctions remplies par ce secteur. L’agriculture familiale, à rebours de la logique financière du modèle productiviste, s’inscrit dans une logique de développement durable », souligne la représentante de la FAO.

 

Objectifs pour 2014


Dans le cadre de l’AIAF, la FAO ne ménagera pas ses efforts pour sensibiliser la population à l’agriculture familiale et la petite agriculture et pour mieux les faire connaître.


« Je vois cette année-là comme un levier intéressant pour promouvoir le modèle de l’agriculture familiale comme solution de rechange fructueuse au modèle productiviste. Nous tenterons d’attirer l’attention de la communauté internationale en insistant sur le rôle essentiel de l’agriculture familiale en matière de réduction de la faim et de la pauvreté, mais aussi pour sa contribution à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, à la gestion des ressources naturelles, à la protection de l’environnement, etc. », précise Mme Ourabah Haddad.


Faisant office de plateforme de facilitation des échanges et des discussions parce qu’elle a la capacité d’asseoir autour de la table plusieurs acteurs, à l’occasion de l’AIAF, la FAO entend bien mobiliser plusieurs intervenants autour de la question de l’agriculture familiale dans le but de dégager des positions communes. « Nous soumettrons des données, des expériences, susciterons des échanges de connaissances », dit la représentante de l’organisation.


S’appuyant sur son importante expertise technique, la FAO veillera à soutenir les gouvernements mondiaux dans le développement de cadres porteurs incitatifs, c’est-à-dire un ensemble de mesures mises en place par les autorités dans le but de contribuer à la création de conditions favorables à l’agriculture familiale, mesures pouvant prendre la forme d’une législation ou de politiques permettant aux petits agriculteurs de vivre de leur activité.


Dans le même esprit, la FAO mettra divers outils méthodologiques à la disposition des agriculteurs et de leurs organisations afin qu’ils puissent développer leurs capacités à oeuvrer de façon durable.


« Par exemple, on proposera des formations sur le renforcement de certaines filières de production. Ça permettra de faire en sorte que les agriculteurs qui sont souvent le maillon faible de la chaîne puissent jouer un rôle important dans celle-ci et que leur production ne soit pas complètement dévalorisée. Ça leur permettra notamment de comprendre comment avoir accès aux marchés et comment répondre à certaines normes environnementales », explique Mme Ourabah Haddad.


Tournée québécoise


Lors de son passage au Québec, Mme Ourabah Haddad profitera de la tribune que lui offre le Groupe d'économie solidaire du Québec (GESQ) pour faire la promotion du modèle de l’agriculture durable et insistera sur la nécessité d’investir dans celle-ci. Elle partagera également la vision de la FAO quant aux changements climatiques et aux nouveaux objectifs mondiaux en matière de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté.


« J’espère que cette conférence sera l’occasion pour les autorités publiques et la société de faire une prise de conscience. Le message que je souhaite faire passer, c’est qu’il faut effectivement produire plus, mais mieux », confie la représentante de la FAO.


Dans les jours qui suivront la tenue de l’Université d’été du GESQ, Mme Ourabah Haddad parcourra la province, de Montréal à Québec en passant par Shawinigan, pour rencontrer des membres de l’Union des producteurs agricoles (UPA) et de l’Union des producteurs agricoles Développement international (UPA DI), ainsi que des représentants de Desjardins. En compagnie de l’UPA DI, elle rencontrera également l’Agence canadienne de développement international à Ottawa afin de discuter d’un programme visant le renforcement des capacités des organisations de producteurs et de productrices en Afrique subsaharienne.


« Ces organisations et la FAO ont des approches très similaires, souligne Nora Ourabah Haddad. Ce sera certes l’occasion pour moi de partager les connaissances et les expériences de la FAO, mais également de m’inspirer de l’expertise québécoise, qui est très innovante. »


Collaboratrice

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

À voir en vidéo