Les rumeurs de nationalisation bancaire courent en Grèce

Mardi, BNG et Eurobank ont annoncé la convocation d’une assemblée générale de leurs actionnaires en vue de procéder à leurs augmentations de capital respectives.
Photo: Agence France-Presse (photo) Louisa Gouliamaki Mardi, BNG et Eurobank ont annoncé la convocation d’une assemblée générale de leurs actionnaires en vue de procéder à leurs augmentations de capital respectives.

Athènes — L’annonce du gel de la fusion de la Banque Nationale de Grèce (BNG), première banque commerciale grecque, et d’Eurobank, ouvrant la voie à une possible nationalisation d’une ou des deux banques, a provoqué une chute de l’action BNG en Bourse lundi, Eurobank s’envolant de 20 %.


La décision de la Banque de Grèce, rendue publique tard dimanche soir, de geler la fusion annoncée il y a plusieurs mois entre BNG et Eurobank, qui seront recapitalisées séparément, a dans un premier temps fait chuter de 30 % les titres des deux établissements à l’ouverture de la Bourse d’Athènes. À la fin de la séance, l’action BNG a fini sur un recul de 10,4 %. En revanche, celle Eurobank a terminé sur un bond de 20% .


Lundi matin, une source bancaire expliquait que «la chute des actions BNG et Eurobank» était «normale», estimant que les deux établissements seraient certainement placés «sous contrôle du Fonds hellénique de stabilité financière [FHSF] et de la troïka», ce qui signifie une nationalisation de facto des deux établissements. Les dépôts bancaires dans ces établissements «sont garantis», affirmait en écho lundi le porte-parole du gouvernement Simos Kedikoglou à la télévision grecque Antena.


Ces deux établissements, comme les deux autres banques systémiques grecques, Alpha bank et la Banque du Pirée, sont en cours de recapitalisation, ayant déjà bénéficié de prêts de 50 milliards d’euros de l’UE et du FMI via le FHSF.


Le gel de la fusion a été décidé à l’issue de discussions dimanche entre le gouvernement grec et la troïka des bailleurs de fonds UE, BCE et FMI, qui avait exprimé des inquiétudes quant à la position dominante sur le marché grec de la nouvelle entité BNG-Eurobank, dont les actifs seraient équivalents au PIB grec, avec une part de marché de l’ordre de 40 %.


Mardi, BNG et Eurobank ont annoncé la convocation d’une assemblée générale de leurs actionnaires en vue de procéder à leurs augmentations de capital respectives, qui doivent s’achever «d’ici à fin avril», selon le ministère grec des Finances. Alpha Bank et la Banque du Pirée ont aussi convoqué leurs actionnaires, jeudi pour la première, et vendredi pour la deuxième.

 

Recapitalisation difficile


Pour garantir leur autonomie de gestion, les quatre banques s’étaient engagées en décembre auprès des créanciers de la Grèce à lever elles-mêmes auprès d’investisseurs privés 10 % du capital final des établissements.


C’est cette condition qui a peu de chances d’être remplie par la BNG et Eurobank, indiquait une source proche du dossier à l’AFP lundi matin. «La BNG et Eurobank ont admis qu’elles seraient incapables de réunir cet argent», a affirmé cette source.


Néanmoins, lundi après-midi, des sources au sein de la direction d’Eurobank ont fait savoir à l’agence de presse grecque ANA, que cette banque allait elle aussi essayer de relever le défi des 10 % de capital privé nécessaires à son indépendance, au besoin en ayant recours à une participation volontaire du personnel. Alpha et Banque du Pirée vont aussi tenter de lever les fonds auprès d’investisseurs privés, nécessaires au maintien de leur indépendance.


Si les trois établissements réussissaient leur pari, ne resterait donc dans le giron du Fonds héllénique de stabilisation financière que la vénérable BNG. La Banque de Grèce a confirmé que le processus de recapitalisation de ces quatre banques dites systémiques «se poursuivait normalement et prendrait fin au mois d’avril».


Par ailleurs, le processus global de consolidation du paysage bancaire grec ne s’arrête pas, malgré le gel de ce que la presse grecque a surnommé la «méga-fusion», a précisé une source bancaire proche du dossier. Des rumeurs de marché font état d’un rapprochement possible entre Eurobank et Banque postale (Postbank) et d’une reprise de la petite banque en difficulté Proton par BNG.


Le plus grand syndicat du privé GSEE a condamné lundi dans un communiqué «les pratiques de la troïka et le gouvernement grec qui les adopte». «L’objectif de la troïka est le contrôle politique et économique du pays», a estimé la GSEE.

À voir en vidéo