Encore 6 millions de chômeurs de trop en Europe, avertit l’OIT

Des chercheurs d’emploi jettent un œil aux offres affichées dans la vitrine d’un centre d’emploi gouvernemental à Athènes. En Grèce, 58 % des jeunes sont au chômage.
Photo: Agence France-Presse (photo) Louisa Gouliamaki Des chercheurs d’emploi jettent un œil aux offres affichées dans la vitrine d’un centre d’emploi gouvernemental à Athènes. En Grèce, 58 % des jeunes sont au chômage.

Genève — Il faudrait créer 6 millions d’emplois en Europe pour revenir au niveau d’emploi d’avant la crise, soit à celui du dernier trimestre de 2008, soulignait lundi une étude de l’Organisation internationale du travail (OIT).


Il y est évalué que 26 millions d’Européens étaient au chômage en février 2013, 10 millions de plus qu’en 2008.


La situation de l’emploi s’est détériorée depuis l’introduction des politiques d’assainissement budgétaire. Au cours des six derniers mois, un million de personnes ont perdu leur emploi dans l’Union européenne, a indiqué l’OIT dans un rapport publié à l’occasion de l’ouverture d’une conférence régionale européenne à Oslo.


Le taux de chômage dans l’UE atteignait en février 10,9 % et celui de la zone euro un niveau historique de 12 %. Seuls cinq pays de l’UE sur 27 (Allemagne, Autriche, Hongrie, Luxembourg et Malte) ont des taux d’emploi supérieurs aux niveaux d’avant la crise. Le chômage des jeunes atteint 23,5 % dans l’UE, avec des pics de 58 % et 55 % en Grèce et en Espagne.


Chômage structurel


Le chômage de longue durée devient un problème structurel pour beaucoup de pays européens. Dans 19 d’entre eux, plus de 40 % des demandeurs d’emploi sont actuellement des chômeurs de longue durée (sans travail depuis douze mois ou plus).


« Si les objectifs d’équilibre budgétaire et de compétitivité sont importants, il est crucial de ne pas s’y attaquer par des mesures d’austérité et des réformes structurelles qui ne traitent pas les causes profondes de la crise », affirme l’OIT. L’organisation prône une stratégie centrée sur l’emploi. Elle recommande de s’attaquer aux problèmes structurels, en particulier dans le secteur financier. Les petites et moyennes entreprises n’ont pas suffisamment accès au crédit bancaire pourtant indispensable pour produire et créer des emplois.


Selon l’OIT, les pressions à la baisse sur les salaires nuisent à l’investissement et à la demande et par conséquent au commerce intra-européen. Il faudrait plutôt adopter des mesures d’urgence telles que les dispositifs de garantie d’emploi pour les jeunes et des mesures de fond à long terme, comme les politiques d’éducation pour éviter l’échec scolaire, une approche plus réaliste des réductions des déficits, une action contre l’évasion fiscale, une réduction des dépenses superflues ou encore la création de nouvelles ressources budgétaires qui ne pèsent pas sur l’emploi et l’investissement.

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