La Banque de France provoque l’ire de la City de Londres

Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a souhaité lundi que la plus grosse part des échanges en euros soit accomplie dans la zone euro elle-même plutôt qu’à la City de Londres, s’attirant aussitôt une vive critique de Londres.

M. Noyer, qui est aussi membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), a jugé que les États-Unis constituaient de ce point de vue un exemple à suivre pour la zone euro. « New York reste le principal centre [financier] pour le dollar américain. Les autorités américaines ne sont pas opposées au fait que le dollar soit échangé à Londres, mais elles font très attention à ce que l’essentiel des transactions ne soit pas réalisé en dehors des États-Unis. Nous sommes pareils », a expliqué M. Noyer à la presse française en marge du forum financier Paris Europlace à Tokyo.


D’après le gouverneur, « il n’est pas logique que le centre financier le plus actif pour [gérer] notre monnaie ou fournir des services au sein de notre union économique soit basé à l’étranger », a-t-il ajouté en référence à la City de Londres.


En visite à Paris, le ministre britannique des Entreprises, Vince Cable, a vivement réagi à cette assertion. « C’est plutôt contradictoire avec ce que disent des banquiers français sérieux, pour qui un centre financier britannique fort est bon pour l’Europe », a-t-il dit à des journalistes. « Nous voulons contribuer au marché unique européen dans le domaine des services financiers et nous voyons la City comme en faisant partie », a-t-il ajouté.


La Grande-Bretagne est l’un des 27 pays membres de l’Union européenne, mais n’a pas adopté la monnaie unique européenne, commune à 17 États du Vieux continent, préférant conserver la livre sterling.


Dans un entretien au Financial Times publié lundi, M. Noyer avait déjà souligné que « l’essentiel des affaires en euros devrait être fait au sein de la zone euro », jugeant que cela était lié à la nécessité pour la BCE d’« assurer la surveillance de sa propre monnaie ».


« La majeure partie des affaires devrait être sous notre contrôle », a insisté le gouverneur auprès du quotidien britannique.


Londres craint que les pays de la zone euro cherchent à affaiblir la City, en adoptant des régulations au sein de l’Union européenne dans l’espoir de renforcer leurs propres places financières.

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