Le voyagiste Thomas Cook continue d’accumuler les pertes

Le discours optimiste de la nouvelle dirigeante du géant du tourisme Thomas Cook, Harriet Green, a étouffé hier les craintes suscitées par le dévoilement d’une perte nette colossale.
À la Bourse de Londres, le titre Thomas Cook - très volatil - a clôturé mercredi en hausse de 4,17 % à 25,00 pence, après avoir ouvert sur une chute de plus de 5 %.
Le numéro deux du tourisme encaisse une perte nette « inacceptable » de près de 940 millions de dollars, a annoncé jeudi la grande patronne du groupe britannique, Mme Green.
Ébranlé par la crise économique, la flambée des prix du carburant, le printemps arabe et la féroce concurrence des low cost, le voyagiste affiche des pertes statutaires de près de 940 millions à la fin de l’année (30 septembre 2012), c’est-à-dire 114 millions de plus que l’année précédente (822,7 millions).
« Ces résultats reflètent les problèmes majeurs auxquels Thomas Cook a fait face l’an dernier, mais ils masquent les améliorations que nous avons effectuées au quatrième trimestre », a fait valoir Mme Green, qui est à la tête du groupe britannique depuis la fin juillet.
D’autres gisements d’économie annuels de plus de 100 millions de dollars sont dans la mire de la compagnie, a-t-elle spécifié.
La dette nette de la compagnie a été réduite en un an de 163,58 millions, passant de 1,4 à 1,25 milliard grâce notamment à des cessions d’actifs.
Quelque 150 agences ont été forcées de fermer leurs portes en 12 mois seulement au Royaume-Uni. La flotte d’avions a subi une cure d’amaigrissement.
Thomas Cook a inscrit une dépréciation d’actifs de 585,57 millions dans la foulée de vente de ses activités en Inde ainsi que le ralentissement des affaires du groupe en France et au Canada.
Le chiffre d’affaires a du coup reculé de 3,2 % à près de 15,09 milliards.
Le géant n’écarte pas la possibilité d’écarter sa filiale française - regroupant notamment Aquatour, Club Jumbo et Jet Tours - dont la perte s’est creusée à 41,29 millions. « Plusieurs groupes sont intéressés », a fait remarquer une source au quotidien français Le Monde.
En Amérique du Nord, le groupe est plombé par des surcapacités.
En revanche, les bénéfices sous-jacents provenant des opérations sont considérablement moindres (247,76 millions contre 482,81 millions en raison notamment de coûts de carburant plus élevés de 174,70 millions).
« Thomas Cook n’est pas brisé. Il est viable », a assuré Harriet Green.
Les analystes de la firme Investec ont salué « une déclaration d’intention encourageante » dans le cadre d’un « nouveau départ vigoureux » de Thomas Cook, fait « sous l’impulsion d’Harriet Green ».
Le voyagiste a observé des signes d’amélioration au quatrième trimestre avec une progression significative des réservations pour l’hiver. La saison hivernale 2012-2013 a connu « un bon départ sur tous nos marchés principaux », a souligné Mme Green. « Nous sommes optimistes pour l’avenir. »
D’ailleurs, la grande patronne s’est empressée jeudi de faire l’achat de 500 000 actions de la compagnie au coût de 182 650 $.
Le commandement de Thomas Cook fera connaître une stratégie à long terme au printemps. L’année 2012-2013 constitue « l’étape préliminaire » d’un plan de restructuration quinquennal, a précisé Mme Green.
Pour sa part, TUI Travel, numéro un du tourisme, dévoilera dans une semaine ses résultats financiers.
TUI Travel tirerait son épingle du jeu dans le marché des forfaits vacances - qui « semblent être de nouveau en vogue » -, à en croire un rapport de Morgan Stanley publié en début de semaine.
« Deux facteurs surprenants confrontent l’opinion générale selon laquelle le marché des forfaits vacances est en déclin structurel : le volume de forfaits a grossi en Grande-Bretagne au cours des deux dernières années, et TUI Travel est appelée à dépasser les prévisions », indique l’analyste de l’institution financière Jamie Rollo.
« Après plusieurs années de baisses de volume, la formule forfait vacances semble être de retour en vogue, en raison d’un certain nombre de facteurs », soutient M. Rollo, pointant entre autres « le nuage de cendres volcaniques et le soulèvement du monde arabe ». Selon lui les événements climatiques et géopolitiques ont « renforcé l’attrait d’un séjour assuré par un “Air Travel Organisers' Licensing [programme incluant un voyage aérien et assurant la sécurité financière des vacanciers]”. »