Achat de Nexen par CNOOC - Ottawa entend prendre tout son temps

Les députés néodémocrates Hélène LeBlanc et Peter Julien ont défendu la position de leur parti.
Photo: La Presse canadienne (photo) Fred Chartrand Les députés néodémocrates Hélène LeBlanc et Peter Julien ont défendu la position de leur parti.

Le gouvernement fédéral ne se fera pas dicter par les États-Unis sa décision quant au rachat de la pétrolière Nexen par la société chinoise CNOOC, a prévenu Stephen Harper jeudi alors qu’un de ses ministres suggérait que le verdict final d’Ottawa pourrait se faire attendre encore quelque temps. En attendant, le NPD s’est officiellement opposé à la transaction.

Le gouvernement conservateur étudie depuis la fin août la demande d’achat de Nexen par la société China National Offshore Oil Company (CNOOC), une transaction de 15 milliards. La décision est attendue à la mi-octobre, mais le fédéral peut demander de reporter la date butoir.


Au sud de la frontière, un membre démocrate du Congrès américain avait réclamé cet été que le gouvernement des États-Unis s’oppose à la transaction. Nexen compte une part de ses opérations en sol américain. Washington pourrait donc techniquement bloquer la transaction pour des raisons de sécurité nationale.


« Je ne crois pas que ce soit une surprise que je vous dise que le gouvernement du Canada prendra sa propre décision, indépendamment de ce que feront les États-Unis », a tranché le premier ministre en point de presse. S’il a refusé d’offrir quelque indice que ce soit quant à la décision que prendra son gouvernement, M.Harper a néanmoins reconnu que l’étude de cette transaction soulevait « beaucoup de questions de politique gouvernementale difficiles. […] Ces choses seront prises en considération en vertu de la loi, en évaluant le bénéfice net de cette transaction pour le pays avant de prendre une décision. Et nous continuons de récolter de l’information et des opinions ».


Il faudra peut-être patienter. À sa sortie des Communes, le ministre de l’Industrie Christian Paradis a laissé entendre qu’Ottawa pourrait prolonger son étude. « On ne se fixe pas de délais […] On va prendre tout le temps requis pour être certain qu’on va scruter cette transaction avec soin. »


À l’instar du premier ministre, M.Paradis a dénoncé la sortie publique du NPD quelques heures plutôt contre la transaction. Des actions « insouciantes et irresponsables » avec lesquelles les néodémocrates ont « créé un climat d’incertitude qui nuit à l’investissement dont nos compagnies canadiennes ont besoin ». « Le NPD est un parti idéologique socialiste qui s’oppose à n’importe quel investissement », a renchéri Stephen Harper.


En matinée, les néodémocrates ont confirmé qu’ils s’opposaient au rachat de la pétrolière albertaine par CNOOC. Le parti estime qu’il est plus que temps qu’Ottawa précise la Loi sur Investissement Canada afin d’assurer plus de transparence, en tenant des audiences publiques pendant l’étude de tels dossiers de même qu’en précisant les critères sur lesquels il se base.


La loi canadienne permet le rachat d’entreprises par des sociétés étrangères si elles présentent un « avantage net » pour le Canada. Cette notion n’est pas précisée. Le NPD estime qu’Ottawa aurait dû corriger la situation depuis longtemps puisque l’opposition la dénonce depuis que les conservateurs ont refusé la vente de Potash Corp. à l’australienne BHP Biliton en 2010.


Qui plus est, même si certaines conditions sont imposées par le Canada lors de telles transactions, Ottawa ne s’assure pas ensuite qu’elles soient respectées. « Alors une fois que l’approbation est donnée, c’est un chèque en blanc à la compagnie », a commenté le néodémocrate Peter Julian. Le NPD s’inquiète du bilan environnemental de CNOOC, de même que de la garantie que les emplois restent entre les mains de Canadiens.


Et ce qui pose d’autant plus problème au NPD dans ce cas-ci, c’est que l’entreprise acquéreuse se définit comme un « bras stratégique » du gouvernement chinois. « Cela soulève toute une gamme de questions et, puisque nous avons un processus si opaque qui se déroule derrière des portes closes, les Canadiens n’obtiennent pas les réponses », a déploré M.Julian.

À voir en vidéo