Alliance coopérative internationale - Il faut être «proactif»

Assïa Kettani Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Coopératives-Sommet international

Mû par des principes de solidarité, le mouvement coopératif est fondamentalement lié au combat pour le développement durable, puisque nombre de coopératives dépendent directement de la terre pour leur survie, notamment celles qui sont actives dans le monde rural. Représentant les coopératives depuis près de 120 ans, l’Alliance coopérative internationale (ACI) se dirige vers une position de plus en plus forte en matière de développement durable, affirmant en grand l’impératif écologique, le plein engagement du mouvement coopératif et le rôle de fer de lance joué par les coopératives du monde entier.

Le développement durable n’est pas une chose nouvelle à l’ACI. Cette alliance centenaire, qui porte depuis 1895 la voix du mouvement coopératif, a déjà modifié, il y a 17 ans, lors d’une assemblée tenue à Manchester, la liste des six principes fondateurs qui définissent sa vision et son action. Son septième principe, ajouté à cette occasion, affirme en effet l’engagement des coopératives envers la collectivité et se formule comme suit : « Les coopératives contribuent au développement durable de leur communauté dans le cadre d’orientations approuvées par leurs membres. » Un principe qui guide l’ACI à l’échelle mondiale à travers ses quatre antennes régionales : Amérique, Asie, Europe et Afrique.


Alors que le développement durable apparaît comme une nécessité de plus en plus urgente à l’échelle planétaire, l’ACI n’a pas manqué de réaffirmer le rôle primordial des coopératives dans ce combat : lors de son congrès tenu en 2009 à Genève, l’ACI a marqué un pas majeur avec une résolution forte qui met en avant l’impératif d’un développement durable et solidaire des collectivités. En 2011, à Cancún, un nouveau pas fut proposé par l’ACI Amériques : il s’agissait d’amender son septième principe en précisant l’action des coopératives dans la « promotion d’une gestion responsable des ressources naturelles pour garantir l’équilibre écologique et le bien-être humain ».


Réjean Lantagne, le représentant canadien à l’ACI-Amériques et le président de Socodevi, a défendu cet amendement en revendiquant la volonté de « renforcer l’aspect écologique, avec Rio + 20 qui allait avoir lieu » et de « porter un engagement fort ». Cet amendement aurait en effet insisté sur le volet écologique de la notion de développement durable, qui regroupe par ailleurs également des considérations économiques et sociales.


Cette proposition d’amendement s’est pourtant heurtée à une division au sein de l’ACI : défendue par les intervenants des Amériques et du Japon, elle a reçu un accueil plus froid de la part d’autres membres de l’organisation. Renvoyée entre les mains du conseil d’administration, elle sera de nouveau débattue lors de l’assemblée générale qui aura lieu à Manchester à la fin du mois d’octobre. Les réticences portaient sur deux aspects : premièrement, sur le fait que le septième principe coopératif couvrait déjà les préoccupations écologiques, même si c’était à travers la notion plus large de développement durable, et deuxièmement, sur les modalités de modification de la liste de principes.


C’est pourtant loin de signifier que l’ACI ne veut pas aller de l’avant, rassure Réjean Lantagne. Le souci écologique de l’organisme est toujours au premier plan et les raisons de cet échec relatif relèvent plutôt de la procédure. « Le débat sur le contenu a été unanime : tous les membres ont affirmé l’importance et la priorité d’être proactifs en matière d’environnement. Cela fait partie de nos valeurs. »


Et, en matière de politiques écologiques, le mouvement coopératif est en pleine ébullition. « Il y a cinq ans, on ne parlait presque pas de politique écologique. Aujourd’hui, nous avançons bien : nous avons des principes, des politiques et des stratégies. Désormais, toutes les coopératives intègrent ces préoccupations à leurs plans d’action. La diminution des gaz à effet de serre, par exemple, est devenue un leitmotiv pour tout le monde. Les coopératives rappellent que c’est possible de concilier économie et environnement. »


L’ACI Amériques, qui relie le milieu coopératif du Canada au Chili, fait d’ailleurs figure de bon élève en la matière. « Nous avons adopté une politique écologique en mai 2012, lors de notre assemblée générale à Panama, précise Réjean Lantagne. À côté de cela, nous avons également beaucoup de sous-politiques, comme l’ACI verte, visant à promouvoir la protection de l’environnement. Beaucoup de coopératives au Québec et au Canada ont mis en place des politiques écologiques. »


Grâce à sa portée internationale, l’ACI peut jouer un rôle moteur au sein d’un monde coopératif qui compte quelque 750 000 organismes oeuvrant dans des domaines aussi variés que la foresterie ou l’agroalimentaire, le textile ou la santé.


Malgré son rôle de fer de lance dans un combat dont dépend l’avenir de la planète, le mouvement coopératif mériterait, estime Réjean Lantagne, d’être mieux connu du grand public. « Nous gagnons à faire la promotion de ces actions qui sont souvent méconnues, même si elles sont positives. »


Un défi auquel l’ACI promet de s’attaquer lors de sa prochaine assemblée à Manchester, où l’avenir de ces entreprises coopératives qui font preuve d’autant d’innovation que de conscience sera au coeur des débats.



Collaboratrice

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