Silence des partis sur le libre-échange avec l'Europe

La question des négociations de libre-échange entre le Canada et l’Europe est largement absente du discours des principaux partis politiques aux élections québécoises.

Mis à part le Parti libéral, dont le chef a été l’un des tout premiers instigateurs du projet d’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne (AECG), les programmes électoraux des partis passent largement cet enjeu sous silence.


Proche des mouvements d’opposition au libre-échange, Québec solidaire est le seul autre parti à évoquer brièvement ces négociations dans les trois petits paragraphes qu’il consacre à l’altermondialisme dans son programme électoral. On peut y lire qu’on « envisagera des solutions alternatives progressistes aux accords de libre-échange actuels et s’opposera à la signature de toute nouvelle entente commerciale secrète et néfaste, telle que l’AECG avec l’Union européenne ».


Le Parti québécois ne dit pas un mot sur la question en dépit des sérieux doutes émis dans le passé par certains de ses représentants, dont la députée de Rosemont, Louise Beaudoin, qui ne cesse de se dire extrêmement inquiète quant aux impacts sur la protection de la diversité culturelle. La Coalition avenir Québec n’est guère plus loquace, son programme n’en appelant qu’à un meilleur accès aux marchés étrangers, en Asie particulièrement (engagement no 54).


Le programme électoral du Parti libéral est le seul à se pencher véritablement sur l’AECG. Le projet d’accord y est présenté comme une idée du Québec et une chance à ne pas rater. On promet d’organiser un forum dans l’année suivant une éventuelle entente afin de convenir ensuite de la meilleure façon d’en tirer profit.


L’affaire des provinces


« Les partis politiques provinciaux ont souvent tendance à voir le commerce international comme une question de compétence fédérale. Mais la situation est très différente cette fois-ci », a déclaré jeudi au Devoir le porte-parole du Réseau québécois d’intégration continental (RQIC), Claude Vaillancourt.


Opposée à l’AECG, son organisation a pressé — sans succès — les partis en campagne de répondre à une dizaine de questions portant notamment sur le secret entourant les négociations, l’impact d’un accord sur les pouvoirs des gouvernements provinciaux et municipaux, l’exemption culturelle, ainsi que la protection des systèmes publics de santé et d’éducation.


Présenté comme un projet de traité commercial de « nouvelle génération », l’AECG porte sur un vaste ensemble d’enjeux allant, par exemple, des services aux normes techniques et sanitaires, en passant par les marchés publics, la protection des investisseurs et la propriété intellectuelle. Comme plusieurs de ces questions relèvent directement des pouvoirs des provinces, les Européens ont exigé et obtenu qu’elles aient, pour la première fois au Canada, officiellement une place à la table des négociations. Entreprises en 2009, les négociations devraient se conclure d’ici la fin de l’année.

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