Taconite - Le plus important projet ferrifère au Québec progresse à grands pas


	Rajesh Sharma, président de Tata Steel Minerals Canada, et Dean Journeaux, président de New Millenium, ont fait le point hier à Montréal sur l’avancement de leurs projets.
Photo: - Le Devoir
Rajesh Sharma, président de Tata Steel Minerals Canada, et Dean Journeaux, président de New Millenium, ont fait le point hier à Montréal sur l’avancement de leurs projets.

Les travaux progressent en vue d’une éventuelle mise en production du plus gros gisement de fer du Québec. Le projet Taconite, contrôlé en majorité par la multinationale indienne Tata Steel, nécessitera toutefois un important approvisionnement en électricité ainsi que la construction d’une infrastructure capable d’assurer le transport de 22 millions de tonnes de fer par année jusqu’au Saint-Laurent. De là, la production sera entièrement exportée, notamment vers l’Asie.

Le gouvernement du Québec soutient d’ailleurs pleinement le projet mené par Tata Steel Minerals Canada et son partenaire albertain New Millenium Corp sur le territoire du Plan Nord. « Ils sont déjà en train de refaire la 389, ils coopèrent avec le port de Sept-Îles, d’autres plans sont prévus pour les communications, etc. Nous, on voit qu’ils sont très actifs et ils nous aident où ils peuvent », a souligné hier Dean Journeaux, président et chef de la direction de New Millenium, en marge d’une conférence organisée par le journal Les Affaires. Même son de cloche du côté de Rajesh Sharma, président et chef de la direction de Tata Steel Minerals Canada. « Nous avons un bon appui de la part du gouvernement du Québec », a dit celui qui est à la tête d’une filiale de Tata Group, un géant dont le chiffre d’affaires dépasse les 55 milliards.


M. Sharma espère également que le gouvernement sera attentif aux besoins en infrastructures des minières qui souhaitent exploiter à leur profit les ressources minérales non renouvelables du Nord québécois. Cette préoccupation a d’ailleurs été inscrite clairement dans le Plan Nord des libéraux, tout comme les éléments énumérés par M. Journeaux.


S’il se concrétise, le projet Taconite nécessitera aussi un approvisionnement hydroélectrique de l’ordre de 300 mégawatts. Dans ce cas, l’énergie devrait provenir de la station Brisay, sur le réservoir Caniapiscau, à 270 kilomètres du projet minier situé près de Schefferville. M. Journeaux a dit hier que les promoteurs n’avaient pas fait de demande pour obtenir le tarif L, soit environ 4,5 ¢ le kilowattheure. D’autres minières ont déjà obtenu ce tarif préférentiel, alors que le coût des nouveaux kilowattheures se situe plutôt autour de 10 ¢. « J’imagine qu’on ne sera pas traités moins bien que les autres utilisateurs », a simplement laissé tomber le président et chef de la direction de New Millenium.


Le gisement contrôlé par New Millenium est colossal et fait partie d’une chaîne ferrifère de plus de 200 kilomètres. En fait, le secteur abriterait l’un des dix plus importants gisements de fer dans le monde. Deux gisements y ont été identifiés. L’un d’eux, baptisé LabMag, se situe du côté du Labrador. L’autre, baptisé KéMag, se trouve au Québec. Ensemble, ces deux zones pourraient contenir un total de 9,5 milliards de tonnes de fer. La production annuelle prévue est de 22 millions de tonnes. Selon les calculs de New Millenium, on évalue que le prix moyen devrait se situer autour de 125 $ la tonne. La valeur de la production annuelle devrait donc atteindre 2,75 milliards de dollars.


Tata Steel et son partenaire souhaitent transporter leur production jusqu’à des installations portuaires en eau profonde situées à Pointe-Noire, à côté de Sept-Îles. De là, on pourra en faire des boulettes avant d’exporter la production vers l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie. Pour cela, les deux partenaires ont déjà étudié la possibilité de construire un ferroduc de plus de 600 kilomètres pour transporter du concentré de fer mélangé à de l’eau. À Pointe-Noire, l’eau serait traitée avant d’être rejetée dans le Saint-Laurent. De telles infrastructures n’existent pas à l’heure actuelle.


Mais le CN et la Caisse de dépôt étudient la possibilité de construire un chemin de fer qui partirait de Sept-Îles pour se rendre jusqu’à Kuujjuaq. Un projet qui, selon une étude commandée par le gouvernement du Québec, pourrait coûter pas moins de 2,5 milliards de dollars. Et il s’agit là d’une estimation très préliminaire. M. Journeaux estime que cette option de transport fait partie de la réflexion menée à l’heure actuelle dans le cadre du développement du projet Taconite. « On coopère avec ces gens-là et ça pourrait être une autre option », a-t-il dit hier.


Tata et New Millenium comptent par ailleurs mettre en production un autre projet nommé DSO en 2013. Pour le moment, on estime que les ressources s’élèvent à 64 millions de tonnes. Mais le gisement pourrait compter plus de 120 millions de tonnes. La production sera entièrement exportée vers l’Europe, pour alimenter les usines de Tata. Le projet DSO sera alimenté en énergie grâce à des génératrices au diesel.


Si on ajoute un autre projet à l’étape d’exploration, les ressources en fer contrôlées par le géant indien et son partenaire albertain pourraient atteindre pas moins de 14 milliards de tonnes. Ces ressources auraient une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars.

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