Québec compte tirer 2,4 milliards du marché du carbone d’ici 2020
D’ici 2020, Québec compte tirer pas moins de 2,4 milliards de la mise en place d’un marché du carbone. C’est ce qu’avance le budget 2012 du ministre des Finances, Raymond Bachand, déposé aujourd'hui.
Le gouvernement prévoit que la vente de permis dans le cadre du système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre (GES) rapportera 10 millions en 2012-13, 30 millions en 2013-14, 120 millions en 2014-15 et environ 425 millions pour chacune des années subséquentes.Ces sommes sont calculées en fonction du prix du carbone prévu dans un règlement récemment adopté par le gouvernement, soit 10 $ la tonne de GES pour la première année. Il reste à voir si le total de 2,4 milliards sera vraiment atteint. Tout dépendra de l’évolution du prix d’une tonne de GES sur les marchés au fil des ans. Si la demande pour les permis est forte, les prix augmenteront, mais si elle est faible, ils baisseront.
Lors de l’annonce officielle du marché du carbone, en décembre, le milieu des affaires avait mal réagi, reprochant à Québec de faire cavalier seul avec la Californie dans ce domaine en Amérique du Nord. Les grandes entreprises craignent d’être désavantagées par rapport à leurs concurrentes de l’extérieur du Québec en raison des coûts liés à l’acquisition de permis.
M. Bachand a rétorqué aujourd'hui que grâce au marché du carbone, les entreprises trouveront «rentable» d’investir dans la réduction des GES.
«Il convient que les émetteurs de GES paient leur juste part, a déclaré le ministre. [...] Les entreprises ne pourront émettre des GES que dans la mesure où elles se seront procuré des droits d’émission, soit directement du gouvernement lors d’enchères, soit sur le marché secondaire des droits d’émission.»
Les revenus provenant de la vente de permis d’émission de GES constitueront la principale source de financement du plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques que le ministre de l’Environnement, Pierre Arcand, doit dévoiler prochainement. Le plan de 2,7 milliards comprendra des investissements de 1,8 milliard dans le secteur des transports (principalement le transport collectif) et de 888 millions pour une panoplie d’autres mesures (construction, efficacité énergétique, innovation, aménagement du territoire, etc.).
Le plan d’action prévoit une réduction de 20 % des émissions de GES sous le niveau enregistré en 1990.
Comme le marché du carbone ne décollera pas vraiment avant que les secteurs des transports et des bâtiments n’y soient assujettis, le 1er janvier 2015, le gouvernement a annoncé mardi le prolongement, jusqu’en 2014-15, de la redevance sur les carburants et les combustibles fossiles, ce qui contribuera au financement du plan 2013-2020 pendant les premières années.