Fonds Desjardins Environnement et Sociéterre - «On va chercher les entreprises qu'on estime être responsables sur le plan écologique»

Réginald Harvey Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Finance mars 2012

Le Fonds Desjardins Environnement et les portefeuilles Sociéterre constituent en fait le portefolio de l'investissement responsable chez Desjardins. Ils renferment tous deux des produits d'épargne spécialisés ou des solutions de placement avec des caractéristiques spécifiques pour la clientèle.

Dans le cas du Fonds Desjardins Environnement, l'objectif de placement est de procurer un revenu et un accroissement du capital à long terme. Pour ce faire, le gestionnaire de portefeuille investit principalement dans des actions de sociétés canadiennes responsables sur le plan écologique. Pour ce qui est des portefeuilles Sociéterre, les fonds d'investissement socialement responsable (ISR) sélectionnent les entreprises à l'aide d'une analyse financière et d'une évaluation basée sur des critères écologiques, sociaux et de gouvernance (ESG).

Rosalie Vendette, conseillère en investissement responsable auprès du Mouvement, consacre ses fonctions professionnelles uniquement à ce dossier: elle supervise les différentes stratégies de mise en oeuvre, tout en se livrant à de nombreuses présentations sur le sujet à titre de porte-parole dans ce domaine. Elle explique la procédure à suivre dans un premier temps: «On intervient dans la sélection ou l'évaluation des titres qui vont composer l'univers du placement; pour y arriver, il y a deux façons de faire, en raison des deux produits en présence, soit le Fonds Desjardins Environnement et les portefeuilles Sociéterre.»

Les portefeuilles sont composés de plusieurs fonds, au nombre desquels figurent le Fonds lui-même et une sélection de fonds éthiques (la gamme de fonds ISR de Placements NEI) choisis pour leur complémentarité et leur potentiel de rendement.

Ils sont présentés par niveau de tolérance au risque, du plus prudent au plus dynamique: Fonds éthiques est un autre joueur qui met de l'avant une approche d'investissement socialement responsable; il s'agit en fait de la firme Northwest & Ethical Investments, qui est partenaire avec Desjardins. «Historiquement, on parle ici de Northwest et des Fonds éthiques qui ont fusionné dans une même entité, qui appartient aujourd'hui à 50 % au Mouvement Desjardins. Chacun de notre côté, on a une approche "sociéterre" et on fait des choix qui ont un petit impact», laisse-t-elle savoir.

Le processus de sélection du portefeuille

Elle fournit plus de détails sur le Fonds Desjardins Environnement: «On commence par sélectionner, à partir de l'univers de départ, des titres qui vont composer notre portefeuille restreint. Il y a deux opérations qui entrent en ligne de compte: d'abord, on va chercher les entreprises qu'on estime être responsables sur le plan écologique, soit celles qui se sont donné des objectifs et des moyens pour les atteindre.»

Elle apporte cette précision: «On n'est pas là pour les acheter, mais pour les placer dans un créneau restreint qui sera confié au gestionnaire de portefeuille; dans le cas du Fonds, il s'agit de Fiera, pour lequel on n'effectue pas le travail de gestion mais dont on définit en quelque sorte le terrain de jeu, en se basant sur les moyennes et grandes entreprises cotées en Bourse au Canada.»

Il s'ensuit une évaluation de chacune d'elles, comme le rapporte Mme Vendette: «Après quoi, on produit un rapport écologique détaillé qui est soumis à notre groupe consultatif en environnement, formé d'experts externes qui sont chargés de nous formuler des recommandations sur l'admissibilité ou non des entreprises dans notre univers restreint; ils se réunissent tous les trimestres pour faire le tour des quelque deux cents sociétés sur un calendrier d'environ deux ans.»

Elle fournit un exemple des résultats de leur travail: «Pour donner une idée, ils ont retranché plus de la moitié des entreprises pour le dernier cycle de 2010-2011 à partir, en gros, des objectifs et des moyens dont celles-ci s'étaient dotées. Entendons-nous: cela ne veut pas dire que l'entreprise ne pollue pas, mais qu'elle dispose d'un plan et d'une vision en matière d'environnement.» Moins de la moitié des 200 sociétés ou plus présentes au départ sont retenues, et celles qui figurent dans l'univers restreint sont à leur tour sélectionnées sur une base financière ou selon le rendement par le gestionnaire de portefeuille; au final, une quarantaine de titres composent ce dernier.

Le processus d'évaluation des enjeux

Une fois ce champ délimité, Desjardins choisit des entreprises engagées dans un processus écologique pour qu'elles fassent partie d'un programme de dialogue, ce qui diffère du traitement réservé à un produit d'investissement traditionnel: «Notre approche, c'est d'être un actionnaire engagé qui est actif et qui veut influencer positivement l'entreprise. À titre de détenteur d'actions, le Fonds a des droits et il est en mesure de consulter les conseils d'administration, de sorte qu'il peut utiliser ces droits-là pour contacter les entreprises et les faire évoluer.»

Le dialogue s'établit sur cette base: «On leur réclame plus d'information sur un sujet donné en environnement ou on leur propose un changement. De pareils échanges ont cours depuis 2009 et notre partenaire NEI en fait depuis les années 1990. On peut dire qu'il y a de plus en plus d'ouverture de ce côté, qu'on maintient et qu'on développe des relations. Il est certain que les gens ne sont pas toujours d'accord avec nos demandes, ce qui donne lieu à des échanges soutenus.» Rosalie Vendette pose ce bémol: «C'est une méthode qui est progressive; il faut y aller pas à pas, et c'est une démarche à long terme. Nos demandes doivent s'inscrire dans un cadre stratégique et s'orienter dans une direction qui a du sens pour l'entreprise: on ne peut pas lui couper l'herbe sous le pied, car on est des actionnaires qui ont à coeur son développement.»

Et, en cas de rupture des pourparlers, d'autres recours peuvent être pris pour faire entendre raison aux plus récalcitrants, dont notamment la proposition d'actionnaires. En vertu de celle-ci, le dialogue sur les demandes écologiques s'établit plutôt avec les autres actionnaires: «Avec le poids d'autres actionnaires qui appuient la démarche, le jeu d'influence recommence auprès de l'entreprise.»

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Collaborateur du Devoir

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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