Bonne nouvelle venant d'Athènes
Athènes — La Grèce semblait hier en passe de remporter son pari en vue de la restructuration de son énorme dette, après s'être assurée un taux d'acceptation de ses créanciers privés supérieur à 75 % pour l'opération d'échange d'obligations souveraines qui doit effacer une ardoise de 100 milliards d'euros.
La participation des créanciers privés de la Grèce à l'opération dite PSI d'effacement de dette «dépasse 75 %» depuis au moins mercredi soir, avait indiqué à la presse une source gouvernementale grecque. Une autre source gouvernementale a déclaré hier que plus de 85 % des créanciers privés détenteurs de dette de droit grec ont accepté l'échange de dette. La Grèce avait prévenu qu'elle renoncerait à l'opération si le taux de réponse des créanciers ne représentait pas au moins 75 % de la dette, ce qui aurait de facto exposé ce pays à un défaut de paiement incontrôlé le 20 mars face à son impossibilité de rembourser 14,4 milliards d'euros d'obligations arrivant à échéance à cette date.Les banquiers, assureurs ou gestionnaires de fonds du monde entier détenant des obligations souveraines grecques avaient jusqu'à hier soir pour dire s'ils acceptent ou non d'échanger volontairement leurs titres de dette, sorte de semi-faillite contrôlée de la Grèce visant à pacifier la zone euro.
Les résultats doivent être annoncés ce matin, a indiqué le gouvernement grec.
Le directeur de l'Institut de la Finance Internationale (IIF) Charles Dallara qui a mené les négociations du côté des banques face au gouvernement grec pour fixer les modalités de l'échange, avait dit dans l'après-midi, à Rio de Janeiro, qu'il était «optimiste» sur le fait de parvenir à un accord «dans les prochaines heures». À Belgrade, le premier ministre italien, Mario Monti, a aussi fait part de son optimisme dans l'après-midi sur la plus grosse opération d'effacement de dette d'un pays jamais réalisée de façon volontaire par les banques dans l'histoire financière.
En cas de réussite confirmée, l'échange concret des titres est prévu pour lundi pour les obligations de droit grec (86 % du total) et le 11 avril pour les titres de droit étranger, selon le calendrier officiel.
Le scénario catastrophe d'une adhésion inférieure à 75 % qui aurait précipité la Grèce vers un défaut de paiement brutal le 20 mars semblant écarté, il reste deux autres possibilités: celle de l'adhésion à 90 % ou plus, qui permettrait de procéder à l'opération en douceur, et la plus probable, celle d'un résultat médian, avec une participation entre 75 et 90 %, qui pourrait donner un tour contraint à la restructuration. Le gouvernement grec a en effet introduit, de manière rétroactive, des clauses d'action collective (CAC) dans les contrats régissant les obligations éligibles à l'échange. Ces clauses permettent d'imposer à l'ensemble des créanciers l'opération qui n'aurait été acceptée que par une partie d'entre eux.
***
Avec Reuters