Diminution du nombre de faillites au Québec et au Canada
Alors que des données ont révélé mardi une croissance moins rapide de l'endettement des ménages, d'autres informations dévoilées hier montrent que les consommateurs québécois qui ont déclaré faillite d'octobre 2010 à octobre 2011 étaient significativement moins nombreux qu'un an plus tôt.
Selon le Bureau du surintendant des faillites du Canada (BSF), un peu plus de 26 000 personnes ont été obligées de déclarer faillite au cours des12 derniers mois, ce qui représente une diminution de 8 %. En contrepartie, près de 10 000 personnes ont réussi à faire une proposition auprès de leurs créanciers, soit une hausse de 5 %.
Une proposition est une entente en fonction de laquelle une personne s'engage avec ses créanciers à faire des versements mensuels pour s'acquitter au moins d'une partie de ses dettes. Cela permet d'éviter une faillite pure et simple.
Chez les entreprises québécoises, le nombre de faillites a augmenté de 5 %, mais les propositions ont affiché un recul de 11 %.
Tout compte fait, si l'on regroupe les faillites et les propositions, l'ensemble des dossiers d'insolvabilité au Québec est en baisse de 4,3 % d'octobre 2010 à octobre 2011.
La situation financière des ménages, dont les deux tiers de l'endettement total découlent d'une hypothèque, est une source de préoccupation majeure pour les autorités monétaires et politiques. Tant le gouverneur de la Banque du Canada que les ministres des Finances surveillent de près l'évolution du paysage pour réagir si jamais le spectre d'une nouvelle récession se présentait à nouveau.
Dans une analyse publiée au mois d'octobre, l'équipe d'économistes du Mouvement Desjardins a estimé que le ratio entre la dette et les actifs des ménages, «qui a peu fluctué depuis le début des années 2000, démontre que les risques de défaut de paiement ne semblent pas s'être accrus pour l'ensemble des emprunteurs». Ils ont affirmé cependant que «certains ménages sont possiblement plus vulnérables que d'autres».
Taux d'intérêt et chômage
Cette vulnérabilité se manifesterait notamment dans un contexte d'augmentation rapide des taux d'intérêt, un scénario qu'il est difficile d'écarter complètement mais qui demeure peu probable dans la mesure où l'économie n'a pas repris en monstre après la récession mondiale.
Le taux de chômage est un autre facteur à surveiller, conviennent les spécialistes. Les données portant sur les faillites s'arrêtent au mois d'octobre, mais celles portant sur l'emploi — dévoilées vendredi dernier par Statistique Canada — n'ont guère été reluisantes pour le Québec. Après une perte de 69 500 emplois pour le trimestre, le taux de chômage est maintenant de 8,7 %.
Dans une entrevue à Canadian Press, Douglas Hoyes, de la firme Hoyes, Michalos et associés, a dit ne pas penser que le nombre de dossiers d'insolvabilité est en train de s'installer à la baisse de manière permanente. «Je pense que les demandes ont simplement été reportées à plus tard, a-t-il affirmé. Si le chômage remonte, il est probable que le nombre de faillites et de propositions remonte aussi.»
Au Canada, le taux de chômage est descendu à 7,1 % au mois d'octobre, mais Statistique Canada a indiqué vendredi qu'il est maintenant à 7,5 %.
Les données au sujet des dossiers d'insolvabilité surviennent après que la firme Equifax, spécialisée dans l'évaluation du crédit, eut rapporté mardi que l'endettement total des ménages continue d'augmenter, mais à un rythme plus lent qu'au cours des dernières années.
Par ailleurs, Statistique Canada a récemment signalé que l'endettement des ménages en comparaison de leur revenu disponible a atteint au troisième trimestre un niveau historique, soit 152,3 %.