Comparution de la Financière agricole en commission parlementaire - Le président du c.a. boycotte les députés
Québec — Le torchon a continué de brûler, hier, entre des députés et les dirigeants de la Financière agricole du Québec (FADQ), l'un d'eux se retrouvant menacé d'être contraint par la police à se présenter devant une commission parlementaire.
Le vice-président de la commission, Claude Pinard, a affirmé que le président du conseil d'administration de la société d'État, André Forcier, a commis un outrage au parlement en désobéissant à un ordre de comparaître devant les députés.Le député péquiste Claude Pinard a évoqué la possibilité du dépôt d'une motion d'outrage au Salon bleu.
«La commission parlementaire ne peut passer sous silence, et ne peut se taire, face à cet outrage à cette insulte qui est faite au parlement du Québec», a-t-il dit peu après le début de l'audience.
Au terme de la journée, M. Pinard a cependant affirmé qu'il discutera d'abord avec le président de la commission, le député libéral Pierre Paradis, de la possibilité d'émettre un mandat d'amener à l'encontre de M. Forcier, qui se trouve actuellement en France.
«Nous avons le mandat de poursuivre l'action et de faire en sorte que M. Forcier vienne témoigner devant la commission», a-t-il dit lors d'une entrevue, en précisant que la police est habituellement chargée de cela, au Québec comme à l'étranger.
M. Paradis a déclaré lors de l'audience que les membres ont résolu de s'assurer que le président du c.a. se présentera devant eux.
«Je n'ai pas de conseil à donner à quelqu'un qui occupe ces fonctions-là mais j'essaierais d'attraper un vol rapide vers le Québec», a-t-il dit.
M. Forcier est au nombre des administrateurs de la FADQ qui ont été contraints par subpoena — une mesure exceptionnelle — à témoigner devant la commission parlementaire de l'agriculture, des pêcheries et des ressources naturelles (CAPERN), concernant la crise qui secoue l'industrie du porc.
Tous étaient présents, hier, à l'exception de M. Forcier, qui souhaitait plutôt être entendu la semaine dernière, lors de l'audience précédente, en raison d'un voyage en France prévu depuis mai pour des raisons familiales.
Les députés de la CAPERN font front commun contre la FADQ, qu'ils soupçonnent d'appliquer trop radicalement des mesures de redressement financier, au péril des éleveurs indépendants de porc.
Le vice-président du c.a., Marcel Ostiguy, s'est porté à la défense de M. Forcier, affirmant qu'il remplit ses fonctions bénévolement.
M. Ostiguy a déclaré que les administrateurs n'ont fait qu'exécuter les directives émises en novembre 2009 par le ministre de l'Agriculture d'alors, Claude Béchard, qui a ordonné une restructuration d'un programme de compensation des producteurs lorsque les marchés fluctuent.
«Une directive gouvernementale, c'est un ordre de l'actionnaire», a-t-il dit.
Soutenant avoir averti M. Béchard du mécontentement que ces mesures allaient susciter, M. Ostiguy a affirmé que les administrateurs de la FADQ sont pris pour boucs-émissaires dans ce dossier.
«Je lui ai dit: les conditions que vous nous imposez, ça va faire mal, M. le ministre, ça va crier tantôt. Qui va être le responsable? Dans la vie, il faut que les bottines suivent les babines, il faut que les bottines suivent les écrits. Et là aujourd'hui on nous accuse», a-t-il dit.
Refusant d'accuser le gouvernement d'avoir fait des erreurs, M. Ostiguy a cependant reconnu que correctifs s'imposent, notamment depuis que le ministre de l'Agriculture Pierre Corbeil a demandé à la FADQ, début septembre, d'évaluer de nouvelles mesures d'aide.
«Je pense que la directive était un peu trop sévère, spécialement pour les producteurs de porcs, a-t-il dit. [...] Et probablement que M. Corbeil va atténuer cette directive en tenant compte que de petits producteurs ont de la difficulté.»