La France s'intéresse au nord du Québec
Radisson — Les richesses naturelles, notamment minières et énergétiques, du Nord québécois représentent un «eldorado» potentiel qui devrait intéresser les industriels français, estime le ministre français de l'Industrie, Éric Besson, en visite hier dans la région.
M. Besson s'est rendu dans le nord de la province avec une quinzaine de représentants de fleurons de l'industrie française, de Vinci à Véolia en passant par Alstom, EDF et GDF-Suez, pour étudier les possibilités offertes par le Plan Nord.«J'ai été très impressionné par la description qui nous a été faite du potentiel du nord du Québec, et notamment des ressources minières que recèle le sous-sol», a dit M. Besson à Radisson, village proche de l'énorme complexe de centrales hydroélectriques de La Grande, dans la région de la Baie James.
À l'étape précédente, à Chibougamau, plusieurs responsables québécois ont présenté jeudi à la délégation française les grandes lignes du Plan Nord, une initiative du gouvernement de la province qui vise à mettre en valeur les richesses minières — or, uranium, diamants, métaux rares —, énergétiques et touristiques, en attirant au total 80 milliards de dollars d'investissements, dont plus de la moitié doit venir du secteur public.
M. Besson l'a qualifié de «projet exemplaire», en soulignant que tous les secteurs intéressés ont été consultés, ainsi que les populations autochtones, et que le Québec recherchait des partenariats avec de grandes entreprises étrangères, dont, espère-t-il, françaises.
Il a rappelé que le premier ministre français, François Fillon, devait recevoir début octobre le premier ministre québécois, Jean Charest. M. Besson devait rencontrer M. Charest hier soir à Montréal pour «jeter les bases de ce qui pourrait être un partenariat spécifique entre le Québec et la France».
À l'heure actuelle, quelques entreprises étrangères seulement, dont les groupes indien Tata Steel, chinois Jien et norvégien Yara, sont engagées dans des projets miniers dans le nord du Québec.
Mais Alstom a déjà décroché un contrat pour la fourniture de turbines et alternateurs à une centrale, La Romaine 2, et il espère bien en gagner d'autres. «Le Plan Nord prévoit la création de centrales totalisant 3000 mégawatts. Et nous sommes le numéro un mondial des fournisseurs d'équipements hydroélectriques», a dit à l'AFP le président d'Alstom Amérique du Nord, Pascal Gauthier. Son groupe a d'ailleurs fourni une partie de ceux du complexe de la Baie James.
Si, à l'heure actuelle, le discours des responsables québécois reste relativement général, les industriels français ont manifesté leur intérêt en les bombardant de questions et de propositions.
Le directeur international du Bureau de recherches géologiques et minières, Jean-Claude Guillaneau, a souligné que les activités du BRGM couvraient tout le spectre des activités minières «du berceau à la tombe» et surtout «l'après-mine», autrement dit la suppression des séquelles de l'exploitation du sol, un sujet très sensible au Canada.
De son côté, un dirigeant d'Orange, Vivek Badrinath, a indiqué que sa société travaillait déjà pour les télécommunications d'Hydro-Québec, le grand groupe énergétique public, et qu'elle pourrait créer une structure numérique nécessaire pour les futurs salariés des entreprises du Plan Nord, représentants de la génération internet, ainsi que pour la télémédecine, appelée à se développer dans une région aussi vaste et quasiment désertique.