Des millions de chômeurs dans l'ombre de la politique

Washington — Les républicains ont rapidement réagi hier en vantant leurs propositions sur l'emploi après l'annonce des derniers chiffres du chômage aux États-Unis qui stagne à 9,1 % sans création d'emplois au mois d'août.
«Les Américains demandent toujours où sont les emplois?», a écrit le président de la Chambre des représentants John Boehner. «Les républicains écoutent et se concentrent sur l'élimination des entraves à la croissance de l'emploi, que ce soit la fin de réglementations inutiles qui font monter les prix ou le fait d'empêcher Washington de dépenser l'argent que nous n'avons pas», a-t-il ajouté.De son côté, la Maison-Blanche a défendu son bilan en soulignant que l'économie avait créé des emplois dans le secteur privé pour 18 mois consécutifs avec un total de 2,4 millions d'emplois sur cette période. Katharine Abraham, l'une des conseillères économiques du président, a toutefois reconnu sur le blogue de la Maison-Blanche qu'une «croissance économique plus rapide est nécessaire pour remplacer les emplois perdus». Mme Abraham a aussi défendu les projets d'infrastructures chers au président et rejetés par les républicains.
M. Boehner a dénoncé la politique du président Barack Obama et des démocrates en assurant que la croissance de l'emploi «continue d'être sapée par la triple menace d'impôts plus élevés, par plus de mesures de relance qui ont échoué, et par des réglementations fédérales excessives».
M. Obama doit présenter jeudi devant les deux chambres du Congrès son plan pour l'emploi. Le numéro deux de la Chambre, Éric Cantor, a estimé qu'il «y aura des aspects (des propositions sur l'emploi de M. Obama) sur lesquels nous pouvons travailler ensemble. Si le président veut remonter ses manches et nous rejoindre pour aider à remettre les Américains au travail, nous sommes prêts à travailler ensemble», a-t-il promis.
La candidate ultraconservatrice à l'investiture républicaine pour la Maison-Blanche, Michele Bachmann, a estimé que les chiffres d'hier étaient «une nouvelle preuve que les politiques économiques de l'échec (mises en oeuvre par) le président Obama, ne fonctionnent pas et ont complètement bloqué la croissance de l'emploi».
Dure rentrée politique pour Obama
Barack Obama, qui se dit «frustré» par l'inertie du Congrès, se prépare donc à une dure rentrée politique face à des républicains déterminés à contrarier ses plans pour redresser une économie américaine encore aux abois à 14 mois des élections de 2012.
La première escarmouche a eu lieu mercredi, avant même le retour de congé des parlementaires la semaine prochaine. M. Obama, qui demandait à prononcer un discours devant le Congrès pour exposer ses projets de relance de l'emploi, a cédé aux exigences de calendrier du président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner. Il avait initialement demandé à prononcer ce discours le 7 septembre à 20h — en même temps qu'un débat télévisé des candidats à l'investiture républicaine pour la présidentielle de l'an prochain. Mais M. Boehner lui a demandé de reporter son allocution d'une journée, ce que le président a fini par accepter.
«Cela fait longtemps que le Congrès ne s'est pas concentré sur ce que les Américains attendent de lui», a écrit M. Obama mercredi soir dans un message électronique à ses partisans après sa passe d'armes avec le chef républicain. «Je sais que vous êtes frustrés par cela. Je le suis aussi», a-t-il ajouté.
Fort de son succès face au président, qui va se retrouver jeudi en concurrence sur les petits écrans avec le début du championnat de football américain, M. Boehner doit prononcer de son côté son propre discours sur l'emploi le 15 septembre.
Pendant ce temps, la cote du président est en chute libre et ses perspectives de réélection en novembre 2012 s'estompent. Selon un sondage publié jeudi par l'Université de Quinnipiac, M. Obama atteint un nouveau seuil d'impopularité avec 52 % des personnes interrogées désapprouvant son action contre 42 % d'opinions favorables en août. En juillet, le ratio était 47 % défavorables, 46 % favorables. Selon un autre sondage CNN/ORC International, publié jeudi, 65 % des personnes interrogées désapprouvent l'action de M. Obama sur l'économie, contre 34 % seulement qui l'approuvent.
Désireux d'exploiter cette situation, les républicains se retranchent dans leurs positions sur le front de l'économie. Ils insistent sur les réductions budgétaires, refusent catégoriquement toute hausse d'impôts et s'opposent aux nouvelles dépenses. Et ils ont juré de s'en prendre aux réglementations étatiques qui, selon eux, étouffent l'économie.
M. Obama devrait présenter jeudi un plan emploi contenant — avec des réductions de dépenses — des augmentations d'impôts pour les plus riches, de nouvelles propositions de dépenses d'infrastructures, une aide pour les chômeurs de longue durée et des mesures de soutien aux secteurs le plus en difficulté.
Outre le front de l'emploi, le conflit entre la Maison-Blanche et le Congrès devrait continuer de se développer sur le terrain de la dette des États-Unis, dont la note a été abaissée par l'agence Standard and Poor's, provoquant un séisme estival sur les places financières mondiales.
Après une vive confrontation en juillet sur le relèvement du plafond de l'endettement des États-Unis, une super commission chargée de dégager quelque 1500 milliards de dollars de réductions budgétaires — avec six élus démocrates et ses six républicains — devrait être le théâtre de nouveaux affrontements. La nouvelle entité a jusqu'à fin novembre pour se mettre d'accord.
Autre contentieux, les projets d'accords de libre-échange avec la Corée du Sud, la Colombie et Panama restent en souffrance depuis l'administration Bush.