Départ du patron de la division des avions commerciaux - Bombardier s'en tient à sa feuille de route

La retraite imprévue du patron de la division des avions commerciaux chez Bombardier n'occasionnera pas de changement stratégique majeur dans le programme de la nouvelle CSeries, a assuré hier le numéro deux de la société.
Gary Scott, qui pilote cette division depuis trois ans, une période de grande fébrilité au cours de laquelle la compagnie a planché fort sur le développement des appareils CSeries, partira le 1er octobre 2011 pour cause de maladie dans sa famille. Pour lui trouver un successeur, Bombardier cherche tant à l'externe qu'en interne.«C'est une perte pour l'entreprise. Il a beaucoup d'expérience», a dit lors d'une conférence téléphonique Guy Hachey, président de Bombardier Aéronautique. Le départ survient alors que la CSeries commence à attirer des commandes, cette famille d'appareils de 110 à 149 sièges visant à donner un nouvel élan à la division aéronautique de Bombardier. Le programme de développement de l'appareil, qui doit être lancé en 2013 et sera assemblé à Mirabel, représente des investissements de plus de 3 milliards.
«Les stratégies et les initiatives vont se poursuivre sans heurts, évidemment. Avec un nouveau patron, je doute que nous ayons un glissement stratégique majeur, bien que nous pourrions voir un nouveau style de gestion. Il faudra juger selon la personne qui est embauchée», a dit M. Hachey.
Bombardier, qui a dévoilé hier ses états financiers du deuxième trimestre, a reçu 43 nouvelles commandes pour des appareils CSeries au cours de cette période, pour une valeur de 2,8 milliards. Au total, la compagnie a reçu 133 commandes fermes et 119 options. Le programme suit son cours selon l'échéancier prévu, a indiqué la direction.
La compagnie, qui espère que le transporteur américain Delta choisisse un jour la CSeries dans le cadre du renouvellement de sa flotte. Delta vient d'annoncer une commande de 8,5 milliards auprès de Boeing pour une centaine de 737 nouvellement remotorisés. Bombardier n'est pas seule: la société brésilienne Embraer veut aussi une part du gâteau.
Lors d'une conférence téléphonique avec les analystes financiers et les médias, la direction de Bombardier a dit que Delta lui a fait savoir que sa décision a été reportée à une date ultérieure. Bombardier n'en sait pas plus, a dit M. Hachey.
Au deuxième trimestre, Bombardier a vu ses profits bondir de 34 %, passant de 138 millions l'an dernier à 211 millions cette année. La compagnie a vu son chiffre d'affaires grimper de 4 milliards à 4,7 milliards. La hausse a été particulièrement sentie dans la division Transport, qui fabrique du matériel roulant, où les revenus ont augmenté de 26 %, à 2,7 milliards.
Le contexte s'est toutefois assombri. Des économistes prédisent une nouvelle récession, ce qui n'est pas de nature à rassurer une société comme Bombardier, exposée aux cycles économiques.
«Alors que les niveaux de nouvelles commandes de Bombardier Aéronautique ont augmenté substantiellement d'une année sur l'autre, à la fois pour les avions d'affaires et les avions commerciaux CSeries, nous continuons de surveiller l'incertitude économique et la volatilité des marchés aux États-Unis et en Europe», a dit le président de Bombardier, Pierre Beaudoin.
Malgré tout, a dit M. Beaudoin, «notre très important carnet de commandes totalisant 56,9 milliards et notre portefeuille d'excellents produits nous placent en bonne position pour les années à venir».
Quant aux avions régionaux CRJ, la compagnie tente présentement de convaincre certains clients de raffermir leur intention d'acheter des appareils l'an prochain, mais le contexte incertain n'aide pas, a dit la direction. La situation devra s'améliorer, à défaut de quoi il faudra prendre une décision quant à la cadence de production cet automne. «Il est prématuré de changer quoi que ce soit à l'heure actuelle», a dit Guy Hachey.