Montréal-Est - Shell pourrait se défaire de sa raffinerie morceau par morceau

La raffinerie montréalaise de Shell ne servira plus que de terminal de stockage. L’entreprise a entrepris de démanteler l’usine, qu’elle pourrait vendre en pièces détachées.
Photo: - Le Devoir La raffinerie montréalaise de Shell ne servira plus que de terminal de stockage. L’entreprise a entrepris de démanteler l’usine, qu’elle pourrait vendre en pièces détachées.

Une brochette d'options sont encore à l'étude, mais la direction de la raffinerie de Shell à Montréal-Est — qui a cessé ses activités pour devenir un terminal de stockage — évalue notamment la possibilité de vendre les équipements à la pièce une fois que le démantèlement du complexe aura débuté.

Shell, dont l'essence vendue au Québec est d'abord raffinée ailleurs et ensuite acheminée par bateau sur le fleuve Saint-Laurent, est présentement en train de laver les conduits et les réservoirs, a indiqué au Devoir le directeur du terminal, Alain Comeau. Les activités ont pris fin au mois d'octobre 2010, Shell ayant comme objectif mondial de réduire sa capacité de raffinage de 15 %.

Invité à dire si Shell a songé à vendre la raffinerie en un seul bloc à un éventuel acheteur qui souhaiterait la déménager sur un autre continent — un scénario faisable mais très rare —, M. Comeau a répondu en disant que la compagnie évalue notamment la possibilité de vendre l'équipement en parties.

«Parfois, une raffinerie située dans un autre secteur peut avoir besoin de telle ou telle unité de production, ou des pièces d'équipement, a dit M. Comeau. Entre autres, on a une unité qui retire le soufre du distillat ou du diesel, et elle n'a que quelques années.»

À défaut de trouver des acheteurs pour ces unités, il faudrait se tourner vers des recycleurs de métal, mais la somme offerte par les sociétés spécialisées est parfois inférieure aux frais de démantèlement, a dit M. Comeau. En gros, bien des choses restent à être déterminées. «On est en train de finaliser un plan de travail pour les prochains mois, les prochaines années», a-t-il précisé.

Shell a très rarement évoqué le sort des équipements de Montréal-Est. Tout au plus, la Cour supérieure s'est fait dire par Shell à l'automne 2010 qu'il y a bel et bien un marché mondial pour de l'équipement usagé. À l'époque, le syndicat tentait de forcer Shell à entretenir la raffinerie.

Chose certaine, le scénario à l'étude contraste avec ce que certaines sociétés sont capables de faire lorsqu'on leur confie le mandat de déménager une raffinerie d'un continent à l'autre.

Indus, une société pakistanaise qui a entrepris d'acheter une raffinerie ontarienne d'Oakville il y a plusieurs années, a déjà illustré sur son site Internet l'énorme complexité d'une telle tâche. «Le personnel attribue une couleur et un code à chaque composante de la raffinerie, y compris sur le matériel en vrac, comme les tuyaux et l'acier structurel. C'est critique au succès de la reconstruction. Au fil du démantèlement, tout l'équipement individuel est entreposé dans un espace où se font l'emballage, la mise en caisse et la mise en conteneur», a-t-elle écrit en décrivant le travail de E.S. Fox, un entrepreneur ontarien en démantèlement.

La fermeture de la raffinerie fait en sorte que Suncor est la seule entreprise qui continue de raffiner du pétrole en sol montréalais. L'autre raffinerie québécoise, celle d'Ultramar, est située à Saint-Romuald.

Un raffineur américain nommé Delek a déjà offert d'acheter la raffinerie de Shell, mais les deux entreprises n'ont jamais réussi à s'entendre. Le syndicat avait alors accusé Shell d'avoir fait semblant de vouloir vendre pour éviter de révéler dès le départ qu'elle souhaitait transformer le complexe en terminal de stockage, ce qui a entraîné des centaines de pertes d'emplois.

Shell a reçu la permission de démanteler au cours de l'été de la part de la ministre Nathalie Normandeau, titulaire des Ressources naturelles.

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