D'anciennes usines de Quebecor World passent dans le giron de Transcontinental

Afin de consolider sa présence au Canada devant une concurrence accrue venant des États-Unis, Transcontinental s'est résolue à se départir de ses imprimeries au Mexique, où l'entreprise montréalaise occupait pourtant une position de chef de file.

Transcontinental a annoncé hier qu'elle allait faire l'acquisition de sept installations de l'entreprise américaine Quad/Graphics au Canada, soit six imprimeries et un centre de services prémédia. Ces actifs appartenaient à Quebecor World jusqu'à ce que cette dernière devienne insolvable, en 2008. Ces installations emploient 1500 personnes et génèrent des revenus annuels d'environ 310 millions $US. Trois d'entre elles sont situées en Ontario, deux au Québec, une en Alberta et une en Nouvelle-Écosse.

Dans une transaction connexe, Transcontinental cédera à Quad/Graphics ses trois imprimeries mexicaines, qui emploient quelque 900 personnes et enregistrent des revenus annuels de 67 millions, en plus de lui transférer ses activités d'impression de livres en noir et blanc destinées à l'exportation aux États-Unis. Ce dernier transfert pourrait se traduire par des licenciements à l'imprimerie de livres de Transcontinental à Louiseville, en Mauricie, qui perdra 25 millions de ses 70 millions de revenus annuels.

Décision d'affaires

Pour Transcontinental, que Rémi Marcoux a fondée en 1975 après avoir travaillé chez Quebecor pendant huit ans, la transaction apparaît symbolique. Au cours d'un entretien téléphonique, hier, le grand patron de Transcontinental, François Olivier, a toutefois assuré que les émotions n'avaient pas joué de rôle dans cette «décision d'affaires».

Cela faisait des années que l'entreprise reluquait les installations canadiennes de Quebecor World, mais celles-ci n'avaient jamais été mises en vente séparément jusqu'ici. En plus du Canada, Quebecor World comptait des imprimeries aux États-Unis et en Amérique latine. Quad/Graphics a acquis le tout pour 1,3 milliard $US en 2010.

Hausse du bénéfice

Transcontinental prévoit que l'échange d'actifs fera croître d'au moins 40 millions son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement dans les 12 à 24 mois qui suivront la clôture des transactions. Pour y parvenir, l'entreprise risque de devoir procéder à de nouvelles fermetures d'imprimeries. À l'instar de ses concurrents, Transcontinental souffre d'une sous-utilisation de ses usines causée par le déclin des documents imprimés.

C'est sans compter qu'en raison de la force du dollar canadien et de la morosité de l'économie au sud de la frontière, des imprimeurs américains envahissent actuellement le marché canadien.

Rationnalisation

Même si Transcontinental a investi 700 millions pour moderniser ses imprimeries au cours des dernières années, il ne faut pas en déduire pour autant que ce sont les usines acquises de Quad/Graphics qui devront fermer leurs portes, a indiqué M. Olivier.

Comme il s'agit d'un échange d'actifs, aucune somme d'argent ne sera versée dans le cadre des transactions. Celles-ci sont assujetties à l'approbation des autorités réglementaires de la concurrence au Canada et au Mexique.

À voir en vidéo